«La situation économique sera difficile en Tunisie, au moins jusqu’à 2025. Pour y faire face, le gouvernement est appelé à avancer dans les réformes structurelles et à reconstruire un véritable partenariat avec le Fonds Monétaire International (FMI) », a déclaré Aram Belhaj, enseignant-chercheur à l’université de Carthage, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Nabeul et économiste à l’agence TAP, en marge des assemblées annuelles 2024 du FMI et du Groupe de la Banque mondiale (BM),  qui se déroulent du 21 au 26 octobre courant, à Washington.

En se basant sur le rapport sur les « Perspectives économiques mondiales », Belhaj a estimé que “l’économie nationale n’est pas suffisamment dynamique pour créer des emplois, éradiquer la pauvreté et combattre les disparités régionales ».

« Dans son rapport, le Fonds a prévu une croissance faible pour la Tunisie en 2025 qui est de l’ordre de 1,6% ainsi qu’un taux d’inflation de 6,7% pour la même période. Avec de tels indicateurs, l’économie tunisienne ne sera pas en mesure de décoller d’ici les deux prochaines années », a-t-il commenté.

Et d’ajouter que: « Malgré la tendance baissière de l’inflation (6,7% en 2025 contre 7,1% en 2024), il n’en demeure pas moins que ces taux restent élevés ».

L’universitaire a, par ailleurs, estimé que “le gouvernement devrait réviser ses prévisions de croissance économique, d’autant qu’il projette de réaliser un taux de 2,1% en 2024 et 3,3% en 2025″. Et de rappeler que “la Tunisie a révisé auparavant ses prévisions de croissance à la baisse en 2023 (0,9% au lieu de 1,8%), sauf qu’au final, elle n’a pas pu réaliser que 0,4% de croissance”.

« A la lumière de l’ensemble des indicateurs publiés par le FMI, les décideurs doivent prendre conscience de la précarité de la situation économique actuelle et mettre en place les politiques publiques nécessaires afin de faire sortir la Tunisie de cette crise », a-t-il insisté.

« La participation tunisienne ne doit pas être seulement protocolaire »

Commentant la participation de la délégation tunisienne, à ces assemblées annuelles 2024, qui comprend le ministre de l’Economie et le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Belhaj a déclaré que cette participation permettra au gouvernement de suivre la situation internationale de près et de tirer profit des expériences de plusieurs pays comme l’Afrique du Sud et le Pakistan.

Cela leur permettra aussi, a-t-il dit, de s’ouvrir sur les institutions financières internationales.

Et de souligner que « la participation tunisienne ne doit pas être seulement protocolaire », appelant, dans ce sens, le gouvernement à œuvrer au «renforcement de l’image de la Tunisie à l’étranger ainsi que du partenariat avec les institutions internationales».

L’économiste a, également, fait remarquer que la participation à ces réunions qui rassemblent 191 pays membres du FMI et de la BM constitue « une occasion pour redynamiser les relations internationales et renforcer le lien avec les bailleurs de fonds internationaux et notamment le FMI, car la Tunisie a besoin de financements et de soutien technique ».

Selon lui, “il est possible de revenir à la table du dialogue avec le Fonds et de mettre en place un nouveau programme de financement qui repose sur des données actualisées vu les évolutions enregistrées à l’échelle internationale”…..”En l’absence d’une volonté de collaborer avec le FMI, l’Etat doit réfléchir aux alternatives possibles loin des solutions de facilité comme le recours à la BCT, par exemple, et parachever les réformes structurelles de manière sérieuse”.

« Même si elles sont coûteuses, ces réformes sont nécessaires, abstraction faite des conditions émises par les institutions financières, à l’instar de la révision du système de subvention, du système fiscal et de la réforme des entreprises publiques », a-t-il réitéré.

L’expert a, observé que ces réunions ont permis de mettre en avant certaines expériences de pays comme le Pakistan qui ont réussi à améliorer leur croissance économique après avoir dépassé le phase de la stabilité.