La Tunisie et l’Arabie Saoudite, principaux actionnaires de référence, de la Tunisian Saudi Bank (TSB), anciennement, Société tuniso-saoudienne d’investissement et de développement (STUSID) transformée en 2005 en banque universelle, sont décidés, semble t-il,  à sauver par tous les moyens cette banque en difficulté.

Les deux actionnaires viennent de valider une augmentation du capital de la TSB de 100 MDT, une majoration  adoptée, le 3 avril 2024, par les actionnaires de la banque lors d’une Assemblée Générale extraordinaire. Cette augmentation est répartie à hauteur de 49,625 MDT pour la Tunisie et le reste pour la partie saoudienne.

Objectif recherché : renforcer les capacités de la banque et la doter de tous les ingrédients de succès nécessaires à l’implémentation de sa nouvelle orientation stratégique.

Dans le détail, l’augmentation de capital va permettre à la TSB en tant que banque universelle de respecter les normes bancaires et de renforcer ses fonds propres

Les tenants et aboutissants d’une augmentation de capital

Du côté tunisien, comme le prévoit la loi, l’autorisation de l’Etat à souscrire à cette augmentation a fait l’objet d’un projet de loi. Ce projet est actuellement examiné par la commission parlementaire des finances et du budget. Cette dernière a auditionné, fin septembre 2024, des représentants du ministère des finances et de la TSB pour s’informer des justificatifs de cette augmentation.

La principale information fournie au cours de cette audience parlementaire est à l’actif du  nouveau directeur général de la TSB. Il a déclaré, en réponse d’éclairages des députés,  que l’ultime objectif de cette augmentation de capital est de faire en sorte que la TSB retrouve sa place sur le marché bancaire tunisien et y devienne compétitive. Il a ajouté que la banque n’est pas en faillite et que “si jamais les difficultés perdurent, de nouveaux fonds seront mobilisés pour l’aider à se redresser”.

A priori, cette augmentation aurait été vivement recommandé par un audit global dont la TSB a fait l’objet en 2024. Cet audit a touché tous les aspects : gouvernance, finances, social, part de marché, rentabilité, digitalisation…).

La TSB étant confrontée  depuis fin 2022, à de graves difficultés  par l’effet de la mauvaise gouvernance et du poids des dettes carbonisées.

Concrètement, au terme de cet exercice, la TSB a enregistré une perte record de 102 MDT contre un bénéfice de 3,7 MDT en 2021.

Officiellement, cette contreperformance a été expliquée par la comptabilisation de 92,3 MDT de dotations de provisions contre 31,8 MDT une année auparavant, soit une augmentation de 190%.

De graves dérapages signalés par les commissaires aux comptes

Seulement d’après les conclusions de rapports de commissaires de compte relayés par des médias et envoyés aux autorités de tutelle (BCT), les choses auraient été plus graves.

Selon ces rapports de très graves dépassements ont été identifiés.

Deux dépassements méritent qu’on s’y attarde, du moins à notre avis. Le premier consiste en le non respect flagrant des normes.

A titre indicatif, le ratio de solvabilité qui devrait être normalement de 10% n’était que de 0,96 % pour la TSB. Idem pour le Tier1 qui devait être de 7 % et non de 0,66 % pour la TSB. Le Tier étant la partie jugée la plus solide (le noyau dur) des capitaux propres des institutions financières. Il rassemble essentiellement le capital social, les résultats mis en réserve et les intérêts minoritaires dans les filiales consolidées moins les actions auto détenues et le goodwill.

Il va de même pour  les dépassements signalés par ces rapports  en matière de participation aux capitaux de quelques filiales. Ces participations ont absorbé 60 % des fonds propres de la banque.

Le deuxième plus grave dérapage a eu lieu également en 2022. Sur les 331,935 MDT impayés, 182,736 MDT, représentant 55%, étaient déjà classés en classe 5, ce qui correspond à des crédits carbonisés et très hautement irrécouvrables.

La question qui se pose dès lors est de savoir pourquoi les autorités de régulation la Banque centrale de Tunisie (BCT), et particulièrement, la direction générale de la supervision bancaire (DGSB) n’ont pas alerté à temps sur ces graves dépassements.

Et pour ne rien oublier, la TSB est une banque de droit tunisien fondée le 30 mai 1981 au terme d’une convention signée entre les gouvernements tunisien et saoudien. Elle est dotée d’un capital de 100 MDT équitablement réparti entre les deux gouvernements.

Abou SARRA