Un très très bel ouvrage intitulé, «Merveilles de l’architecture religieuse Mosquées et Zawiyas de Tunisie IXe –XIXe  s.J.-C », vient d’être publié par Alif Edition.

Trois parties : un historien de renom Abdelaziz Daoulatli, spécialisé dans l’histoire de l’art musulman, un photographe de talent, Mohamed Salah Bettaieb et une institution publique, l’Agence de Mise en valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC) ont associé leur savoir et savoir faire pour concocter ce chef d’œuvre.

Edité en arabe et en français, ce bel ouvrage de 210 pages, dédié à ce qu’on peut appeler le charme architectural des lieux du culte en Tunisie, retrace avec minutie,  par les mots et photos, l’historique des styles architecturaux créés sous les dynasties successives.

Articulé autour de deux grands axes, les mosquées et les Zawiyas, l’ouvrage, qui nous apprend que chaque dynastie a exercé une influence considérable sur les styles architecturaux, retient cinq grands courants :

  • l’architecture aghlabide (IXe siècle ap. J.C),
  • l’architecture fatimide et ziride (Xe s. ap. J.C-XIIe s. ap. J.C),
  • l’architecture almohado-hafside (fin XIIs.-fin XVIe s.) et
  • l’architecture sous les dynasties mouradite et husseïnite.

Les mosquées tunisiennes et leur histoire

Au rayon des mosquées, l’ouvrage évoque en premier lieu l’architecture aghlabide (IIIe s – IXe s.). Cette période a été marquée par l’édification de la Grande mosquée de Oqba de Kairouan, la Grande mosquée Zitouna de Tunis, le Ribat de Monastir, le ribat de Sousse, la Grande mosquée de Sousse.

Viennent ensuite les mosquées édifiées sous les dynasties fatimides et ziride (IVe- Vie s.-milieu du XII e s. Il s’agit surtout de la Grande mosquée de Mahdia, la Grande mosquée de Zitouna de Tunis : les vestiges zirides et khourassanides (Ive-Ve s./fin Xe –début XIIe S. , la Grande mosquée de Sfax (IVe –Ve s./ Xe –XI e s. ; la maqsoura d’AL –Muïz de la Grande mosquée de Kairouan ; la salle de prière du Ive s./Xe de la Grande mosquée de Sousse.

L’architecture des mosquées édifiées sous la dynastie almhado-hafside (VIe-Xe s./fin XII e -fin XVIe s.). Au nombre des lieux du culte édifiées à cette époque, l’ouvrage évoque:

  • la mosquée de Bled el-Hadhar à Tozeur: 590/1194,
  • la mosquée de la Kasbah à Tunis (VIIe -XIIIe s. ;
  • la misdha du Sultan dans le soluk al-attarine à Tunis,
  • la zawiya de Sidi Kacem Al jaziri al-jellizi,
  • la mosquée de Zitouna : embellissement agrandissement.

Le quatrième courant architectural remonte à la dynastie des deys et beys mouradites (fin Xe-XIe s./fin XVIe-XVIIe s.) . Au cours de cette période, l’ouvrage retient les travaux de rénovation à :

  • la mosquée de la Zitouna ;
  • la mosquée de Youssef dey : 1023/1614-15;
  • l’ensemble architectural d’Hammouda Bacha (1067- 1656-57;
  • la mosquée à coupoles de Muhammed Bey (1104/1692);
  • la Grande mosquée de Testour (XIe s./XVIIe s.).

L’ouvrage traite, in fine, d’un 5ème courant architectural promu sous les beys husseinites. Deux monumesnt religieux sont évoqués:

  • la nouvelle mosquée (al-Jadida) ou mosquée des teinturiers à Tunis (1136/1724) et
  • la mosquée du ministre Youssef Sahab Ettaba  à Tunis.

Les zawiyas, des lieux de culte à multiples vocations

La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée aux Zawiyas : lieux sacrés à multiples vocations et diversité architecturale. Le plus souvent on y vénère les saints, les compagnons du prohphète et leurs héritiers.

“Du nord au sud de la Tunisie, en plein désert ou au milieu des oasis, en haut des montages, au bord de mer, dans la campagne, dans les villes ou dans les villages, les marabouts sont présents”, lit -on dans l’ouvrage

L’ouvrage met en valeur leur architecture et décor et fait une mention spéciale pour l’architecture religieuse Ibadite de l’ile de Djerba.

Parmi les prestigieuses zawiyas citées dans l’ouvrage figurent :

  • Sidi Mahrez ibn khalaf à Tunis,
  • Sidi bou Ali Sunni (Nefta),
  • Abou Said Béji (Sidi Bousaid),
  • Abou al hassan Chedli (Tunis),
  • Aicha Al mannoubia (La Mannouba),
  • Ahmed Ibn Arous (Ben Arous),
  • Sidi Bou Makhlouf (Le kef),
  • Sidi Amor Abada (le kef),
  • Ibrahim Riahi (Testour),
  • Sidi mustpha Ben Azzouz (Nefta),
  • Zawiya sidi ali ben aoun (sidi bouzid),
  • le mausolée de Sidi Mansour à Djerba,
  • Sidi Ali sahbi à Kairouan,
  • Sidi Nasser al-garwashi,
  • la mosquée des sept dormants (chenini -Tataouine)
  • Bir barrouta à Kairouan,
  • Sidi ahmed el fehri (daar chaabane cap bon).

Par delà ces éclairages sur l’ensemble de l’ouvrage, nous pensons que le choix de l’angle architectural pour  parler des lieux de culte en Tunisie est un nouveauté majeure. C’est une manière agrébale et esthétique pour faire connaître ce patrimoine méconnu pour l’écrasante majorité des Tunisiens. L’ouvrage mérite le détour.