Comme le stipule la loi, le budget de l’Etat pour l’exercice 2025 est soumis, depuis le 15 octobre 2024,  pour examen et discussion aux deux chambres parlementaires : l’Assemblée des représentants du peuple et le Conseil national des régions et des districts . En voici les principales caractéristiques.

1- Tendance politique du budget :

Officiellement, le projet du budget de l’Etat pour 2025 a une vocation essentiellement sociale. Il vient renforcer les fondements de l’Etat social en ce sens où il prévoit d’importantes mesures en faveur des catégories sociales vulnérables et à revenus limités.

2-Croissance : Ce projet de budget prévoit de réaliser un taux de croissance de 3,2%. Ce taux est calculé sur la base d’un taux de change stable et d’un prix du baril de 77, 4 dollars.

3-Montant du budget : il s’élève à 78,2 milliards (Mds) de DT, soit une légère augmentation de 0,5% par rapport à celui de 2024.

4-Déficit budgétaire: Il se réduit de 7,9% par rapport au budget de 2024 pour atteindre  9,8 Mds de DT.

5-Recetttes:

Le budget sera financé par des recettes fiscales de l’ordre de 45,2 Mds de DT et non fiscales de l’ordre de 4,4 Mds de DT et des ressources d’emprunt à hauteur de 28,2 Mds de DT.

Au rayon de l’augmentation des ressources fiscales, le budget a prévu d’importantes mesures: révision du barème de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et des sociétés  (Création d’un nouvel impôt sur les sociétés de  40%), hausse des revenus des loyers et de la TVA sur l’habitat, renforcement des sanctions douanières…

6-Emprunts :

Le budget sera financé à hauteur de 28,2 Mds de DT par des emprunts en baisse de 1,8% par rapport à 2024. Ils seront composés à 21,9 Mds de DT par des ressources domestiques soit une augmentation de 86% par rapport à 2024 et par des ressources extérieures à hauteur de 6,1 Mds de DT, soit une réduction de 63% par rapport à 2024.

7-Dépenses : Le budget de 2025, estimé à 78,2 Mds de DT, servira à financer les charges budgétaires à hauteur de 76% du total, soit 59,8 Mds de DT et le remboursement du principal de la dette à hauteur de 24%, soit 18,4 Mds.

Les charges budgétaires sont réparties comme suit :

  • les dépenses d’intervention : 20,5 Mds de DT, soit une augmentation de 4,2%,
  • la masse salariale : 24,4 Mds  de Dt, soit une augmentation de 2,9%,
  • Des dépenses d’investissement : 5,4 Mds de DT soit une augmentations de 2,9%,

Quant au remboursement de la dette (18,4 Mds), il est réparti entre remboursement de la dette domestique à hauteur de 53% de la dette extérieure à hauteur de 47%.

8-Social :

Le budget a une vocation essentiellement sociale. Il a prévu des mesures révolutionnaires pour les catégories vulnérables et celle qui vivent dans la précarité. Mention spéciale pour :

  • la création d’un fonds pour la protection sociale des ouvrières agricoles,
  • la création d’un fonds chômage pour les pertes d’emploi pour des raisons économiques,
  • l’exonération de l’impôt sur le revenu en faveur des bénéficiaires des pensions d’invalidité et des pensions d’orphelin.

Ces fonds seront financés, en partie, par une augmentation de 1% du taux de cotisation à la CNSS : 0.5% à la charge du salarié et 0.5% à la charge de l’employeur.

9- Energies vertes :

Des mesures spécifiques sont prévues pour encourager les secteurs d’avenir tels que les énergies vertes. Il s’agit, notamment, de la réduction des droits de douane pour l’importation des panneaux solaires (de 30% à 10%) et de l’institution d’incitations pour l’importation de voitures hybrides équipés a la fois d’un moteur thermique et d’un moteur électrique rechargeable par une source externe.

Au nombre de celles-ci, figurent l’institution d’une TVA de 7% pour les bus et camions hybrides rechargeables via une source externe d’électricité.

10-Financement de PME et startups

Plusieurs lignes de crédit ont été créées pour encourager l’investissement et la création d’entreprises, abstraction faites d’importantes mesures prises en faveur des sociétés communautaires (chariket Al Ahlia).

Il s’agit, particulièrement, de la création de trois lignes  de crédit en faveur des PME et des sociétés innovantes (startups). Ces crédits sont gérés par la Banque tunisienne de solidarité (BTS) au titre du Fonds national de l’emploi pour une durée d’une année, du 1er janvier au 31 décembre 2025.

La première d’un montant de 7 MDT est dédiée à l’octroi de crédits à moyen et long termes. La deuxième d’un montant de 10 MDT est destinée à l’octroi de crédits d’exploitation à des conditions préférentielles. La troisième, d’un montant de 3 MDT est dédié à l’octroi de crédits participatifs sans intérêt au profit des startups.

Objectif : renforcer leur fonds propres.