L’écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb sera au cœur d’un hommage qui lui sera rendu à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort le 6 novembre 2014 à l’âge de 68 ans. Abdelwahab Meddeb (1946-2014) était un fin connaisseur des arts, de l’architecture et du cinéma.

L’Événement aura lieu le mardi 5 novembre à 18h30 au siège de l’Institut Français de Tunisie (IFT) en partenariat avec l’Association des amis d’Abdelwahab Meddeb et la librairie Al Kitab. Cet hommage à Abdelwahab Meddeb est une invitation à redécouvrir l’universalité de sa pensée et la pertinence de ses œuvres, a annoncé l’IFT.

Des lectures d’extraits par la romancière Faouzia Charfi, l’ambassadrice de France en Tunisie Anne Guéguen et l’animatrice de la rencontre Amel Smaoui sont au programme.

Elles seront suivies par la projection du film documentaire “Miroirs de Tunis, fruit d’une collaboration artistique entre Meddeb et le réalisateur Raoul Ruiz. Ce film nous plonge dans un dialogue intime entre les vers de Meddeb et la ville de Tunis, où il puisait une grande part de son inspiration. Ce long métrage (60 minutes) est réalisé en 1993 par Raoul Ruiz avec Abdelwahab Meddeb, au scénario et à la voix. Il est produit en 1995 par Canal Plus Horizons (Tunisie), Canal+ Horizons (France) et France 3, avec le soutien du Fonds Francophone (OIF / CIRTEF).

“Miroirs de Tunis” présente un poète d’origine tunisienne qui, après avoir sillonné les villes du monde entier, retourne sur la terre qui l’a vu naître. Avec une caméra-stylo, nous traversons à ses côtés les rues et les coins les plus reculés de Tunis, marchant dans les dédales de la ville, dans les mosquées, dans les cérémonies de transe…

“Dix ans après la disparition d’Abdelwahab, dans la nuit du 5 au 6 novembre 2014, son œuvre et sa pensée continuent d’inspirer. Il incarnait cette rencontre singulière entre érudition, réflexion philosophique et sensibilité littéraire. Imprégnée de Dante et d’Ibn Arabî, son œuvre foisonnante témoigne de sa grande ouverture et puise autant dans les sources européennes – de la philosophie présocratique à la poésie romane médiévale – que dans le patrimoine islamique, entre mystique soufie et poésie arabe et persane. La diffusion de la culture arabe et l’écriture sous toutes ses formes étaient au cœur de son œuvre et l’IFT lui rend hommage à travers un programme conçu pour revisiter quelques facettes de celle-ci.”

Le site de l’Association des amis d’Abdelwahab Meddeb présente le portrait d’un romancier, poète et essayiste, qui portait en lui une infinité de mondes. Auteur d’une œuvre profuse, qui regarde aussi bien vers la philosophie, l’art et la littérature, il avait une profonde connaissance de la Renaissance italienne, de l’architecture arabo-islamique, des littératures européenne et arabe. La tradition du soufisme était sa véritable patrie et sa source d’inspiration majeure. Admirateur des grandes figures du mysticisme musulman de Ibn ‘Arabi à Sohrawardi, sans oublier Rûmî et Bistami qu’il a traduits, Meddeb avait la conviction que le soufisme était appelé à jouer un rôle décisif dans la renaissance de la civilisation islamique.

Abdelwahab Meddeb est auteur de nombreuses publications notamment des romans, essais, traductions et recueil de poésie. Il a écrit deux romans, « Talismano », paru en 1979 chez Christian Bourgeois et en 1987 chez Sindbad, et « Phantasia », paru en 1986 chez Sindbad. Parmi ses nombreux essais on cite « Islam, la part de l’universel » (2003, Adpf), « Printemps de Tunis » (2011, Albin Michel) et Le temps des inconciliables » (2017, Seuil).

« T. Salih, Saison de la migration vers le Nord » (1983, Sindbad, 1996, Babel) et « Les dits de Bistami » (1989, Fayard) sont ses œuvres traduites. Dans la poésie, il a publié des recueils comme « Portrait du poète en soufi, 2013, Belin), « Le tombeau d’Ibn d’Arabi » (1987, Noël Blandin) et « L’exil occidental » (2005, Albin Michel).

Il est également auteur d’un conte théâtre « La Gazelle et l’Enfant » (1992, Actes Sud-Papiers). Cette pièce est écrite d’après un texte arabe célèbre Hay ibn Yacdan dont l’auteur, Ibn Tofail, est né près de Grenade au XIIe siècle et mort à Marrakech en 1183. Ce conte théâtrale est en accord avec l’origine littéraire du mythe de l’homme seul sur une île déserte et le dépasse vers la tragédie grecque et l’art du nô. Cette pièce est écrite comme un oratorio, une œuvre lyrique sans mise en scène.