Dans un article sur les aides françaises au développement, le CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone) examine la politique de la France et révèle une prédominance des financements accordés aux pays de l’Union européenne, notamment ceux d’Europe orientale, au détriment des nations du monde francophone.

En 2022, sur les 24,1 milliards d’euros d’aides au développement publiques françaises, seuls 20,1 % ont été alloués au monde francophone (soit environ 4,8 milliards d’euros), tandis que 37,2 % ont bénéficié aux pays de l’UE, en particulier à ses 13 États membres orientaux. La Pologne, par exemple, reste le premier bénéficiaire avec 2,2 milliards d’euros, soit quatre fois plus que le premier pays francophone, la Côte d’Ivoire.

Cette politique suscite de vives critiques, l’auteur la qualifiant de “peu francophonophile” et de contraire aux intérêts économiques et géopolitiques de la France. Il met en lumière les avantages d’une coopération accrue avec le monde francophone, notamment en Afrique, où les liens linguistiques et culturels faciliteraient des relations commerciales plus fructueuses. Les données montrent que la France conserve une position commerciale relativement favorable dans les pays francophones d’Afrique, avec une part de marché de 9,6 %, bien au-delà de sa part dans l’UE-13, estimée à seulement 2,9 %.

L’auteur plaide pour un recentrage des aides françaises en faveur des pays francophones, estimant qu’une telle politique serait plus avantageuse pour la France en termes de retour sur investissement économique et de rayonnement culturel. Selon lui, investir dans l’Afrique francophone permettrait non seulement d’améliorer l’image de la France, mais aussi d’accroître l’apprentissage et l’influence de la langue française dans ces régions dynamiques, en forte croissance démographique.

Enfin, le document souligne l’absence de réelles perspectives de changement dans la politique d’aide actuelle, perçue comme trop axée sur une obsession “européiste”. Ce choix est présenté comme irrationnel dans un contexte où l’Europe, en particulier les pays de l’UE de l’Est, tendent à privilégier les intérêts de partenaires économiques comme l’Allemagne et les États-Unis, plutôt que ceux de la France. Au contraire, la majorité des nations francophones partagent de nombreux points communs avec la France en matière de politique étrangère et pourraient devenir des alliés stratégiques.

L’auteur conclut que cette répartition des aides au développement française est non seulement contre-productive mais affaiblit la position de la France au niveau international. Il exhorte donc les autorités à redéfinir leur stratégie pour favoriser davantage les pays du monde francophone, afin de renforcer les relations diplomatiques, commerciales et culturelles dans les régions qui, selon lui, offriraient un retour sur investissement bien supérieur pour la France.