“La Tunisie œuvre pour la promotion des conditions des personnes non ou mal voyantes mais les lacunes persistent encore”, a souligné Basma Soussi, vice présidente de l’organisation IBSAR (Loisirs et Cultures pour les Non et Mal-voyants.

Dans une déclaration à l’agence TAP en marge de la tenue du premier congrès de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO) sur la condition des non-voyants, Basma Soussi a précisé que la Tunisie mise actuellement sur l’adaptation des technologies modernes pour l’éducation des personnes en situation de handicap, en particulier visuel.

Elle a souligné que la Tunisie a créé trois écoles spécialisées pour les personnes non ou mal voyantes dans les gouvernorats de Ben Arous, Sousse et Gabès, placées sous la tutelle du ministère de l’Éducation.

“Ces établissements utilisent les programmes nationaux adaptés en braille”, selon la même source.

D’après Soussi, la Tunisie a également lancé des expériences pilotes pour intégrer les personnes non ou mal voyantes dans ses écoles publiques, comme en témoigne la création d’une classe spéciale pour cette catégorie au lycée 9 avril à Sfax et une autre intégrée à l’école de la Cité Landalos à Bizerte, pour différents niveaux scolaires.

Soussi a également précisé que, grâce à la pression de la société civile, une filière informatique a été intégrée à l’établissement scolaire pour non-voyants de Ben Arous, ainsi qu’une filière économie et gestion aux établissements de Sousse et Gabès, alors que jusque-là, la seule filière disponible pour les personnes en situation de handicap visuel était les lettres.

Elle a relevé que les enfants en situation de handicap visuel provenant des différentes régions de la Tunisie rejoignent les internats de leurs écoles à un très jeune âge (entre 6 et 8 ans), ce qui, selon elle, les place dans une situation psychologique fragile.

Dans ce contexte, l’intervenante a mis l’accent sur la nécessité de leur assurer un soutien psychologique adéquat, ainsi que des moyens de transport suffisants pour les élèves non-voyants, afin d’éviter leur hébergement dans des internats et de leur permettre de grandir au sein de leurs familles.

Elle a, en outre, appelé au renforcement des capacités du personnel éducatif dans les établissements pour non-voyants pour mieux maîtriser l’utilisation des technologies modernes en éducation.

Elle a également recommandé d’équiper ces écoles en matériel informatique et technologique varié.

Soussi a appelé à assurer un suivi médical continu pour les enfants en situation de handicap visuel, soulignant que les progrès en ophtalmologie permettent de maîtriser certaines maladies visuelles avant qu’elles ne s’aggravent et ne conduisent à une perte totale de la vue.

Elle a également estimé que l’absence de statistiques nationales spécifiques aux personnes en situation de handicap visuel, notamment en ce qui concerne le degré de gravité, la répartition géographique et leur maîtrise du braille, constitue un obstacle majeur à l’élaboration d’un plan national pour améliorer leur situation à différents niveaux.

De son côté, le conseiller en éducation de l’ALECSO, Hechmi Ardhaoui, a indiqué que ce premier congrès vise principalement à réfléchir sur le développement des moyens d’éducation des non-voyants dans les pays arabes.

Il a ajouté que ce congrès présentera une série de recommandations visant à améliorer les politiques, les législations, les programmes et les initiatives arabes destinés aux non-voyants, ainsi qu’à développer leur contenu et leurs objectifs, en plus de travailler sur la mobilisation des financements nécessaires pour les rendre durables.