Au commencement cette interrogation : jusqu’à quand le Président Kaïes Saïed devra-t-il continuer à dépoussiérer les dossiers de projets publics en stand bye, depuis des années, alors qu’en même temps, des fonctionnaires chargés en principe de la mise en œuvre de ces projets s’amusent à se le donner en spectacle comme des badauds. Le phénomène commence à être non seulement visible mais surtout pénible à supporter.
Le projet de réhabilitation de la place Barcelone à Tunis, en stand bye depuis 2008, en est une parfaite illustration.
En se rendant, le 25 octobre 2024, à ce lieu de mémoire pour des milliers de tunisois et de visiteurs de la capitale, Kaïes Saïed a pris connaissance du délabrement de cette place et a donné des instructions pour accélérer son réaménagement qui a trop traîné en dépit de la disponibilité des fonds nécessaires pour son exécution.
La volonté politique est désormais claire. Il s’agit à travers ce projet de redonner au centre de la capitale toute sa splendeur et toute la beauté de ses sites et autres espaces qui faisaient le bonheur et la fierté de ses habitants.
Selon nos informations, officiellement, la principale raison à l’origine du retard accusé par ce projet a trait à une sous estimation financière du projet.
Le projet aurait été sous estimé
Annoncé en grande pompe en 2008, par le directeur central des grands projets de la Société des transports de Tunis (Transtu) de l’époque, ce projet a été estimé au départ à 27,3 MDT. Il prévoit la création d’une station de bus souterraine et la consécration de la globalité de la place au métro.
“En dépit de la disponibilité des fonds le projet n’a pas bougé d’un iota.”
A force de le reporter depuis, ce coût a été révisé à la hausse. En sa qualité de maître d’ouvrage délégué du projet, en 2016, la Transtu a décidé de le réévaluer pour un coût global de 300 MDT. Sur ce montant, 229 MDT seront fournis sous forme d’un prêt de l’Agence française de développement (AFD), outre d’autres apports financiers dont un don de 650.000 euros et une subvention de 6,2 millions d’euros du Mécanisme d’investissement de voisinage géré par la Commission européenne.
En dépit de la disponibilité des fonds le projet n’a pas bougé d’un iota. Il a fallu la visite du chef de l’Etat pour qu’il soit relancé.
Le projet contribuera à l’amélioration de la mobilité à Tunis
En fait ce projet n’est pas isolé. C’est une composante d’un mégaprojet visant à améliorer la mobilité dans la capitale. Soucieuse d’améliorer la qualité de l’offre du transport en commun dans le centre-ville de Tunis, la TRANSTU se propose de réaménager le plan de la circulation ferroviaire dans la zone de la Boucle centrale, comprise entre les stations Le Passage, Bab el Khadra et Barcelone.
Ce réaménagement ferroviaire sera accompagné d’un réaménagement des stations avec un point d’orgue la création d’une station pôle d’échange “la station Barcelone“ qui intègrera une station de bus souterraine.
Néanmoins, la réalisation de ce projet complexe, qui pourrait durer environ 42 mois environ, intégrant plusieurs corps de métier (génie civil, VRD, voie, système), demeure tributaire d’une bonne coordination entre les différents intervenants et parties prenantes et surtout d’une bonne gouvernance du projet.
Nous insistons sur la bonne gouvernance du projet en ce sens où les fonds affectés au départ au projet auraient fait l’objet de détournements malveillants.
“Ce réaménagement ferroviaire sera accompagné d’un réaménagement des stations avec un point d’orgue la création d’une station pôle d’échange “la station Barcelone“ qui intègrera une station de bus souterraine.”
C’est du moins si on croit une plainte déposée le 26 novembre 2021 par l’observatoire Raqabah – ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption -, auprès du Tribunal de première instance de Tunis. Ladite plainte porte sur des présomptions de corruption et de détournement de fonds publics contre de responsables au ministère du Transport et de la société des Transports de Tunis (TRANSTU).
Selon l’ONG, il s’agit d’«abus, de dépassements et d’infractions liés au projet d’aménagement de la Boucle centrale du métro léger de Tunis et du pôle d’échange multimodal de la Place Barcelone…».
D’après l’ONG, des fonds de 15,451 MDT auraient été dépensés jusqu’en 2012 au titre de ce projet, sans aucune justification. Le projet n’ayant pas connu d’études ou de travaux réalisés sous quelque titre que ce soit jusqu’en 2020.
Plus simplement encore, l’ONG a montré que les sommes dépensées au titre de ce projet n’ont pas été affectées à ce à quoi elles ont été destinées.
Nous avons jugé utile de rappeler cette affaire pour dissuader de nouveaux abus et dépassements. A bon entendeur.
Abou SARRA