Sur le journal économique de référence en Tunisie “Ecoweek”, l’économiste Hechmi Alaya résume le diagnostic établi par la Banque mondiale sur la Tunisie intitulé “Équité et efficacité du système fiscal Tunisien”, en 9 points :

  1. Défis économiques : « L’économie tunisienne fait face à des défis en raison de la sécheresse persistante, d’une demande limitée et de conditions de financement restreintes. »
  2. Croissance révisée : La croissance de 2024 a été amputée de moitié, passant de 2,4% dans les prévisions d’avril 2024 à 1,2% dans celles de novembre.
  3. Contexte de ralentissement : « Le ralentissement actuel de l’économie s’inscrit dans un contexte de baisse à long terme de la croissance, notamment après 2010. » La croissance économique de la Tunisie est sur une tendance baissière depuis les années 1970 et cette tendance va se poursuivre durant les années 2020.
  4. Déficit du compte courant : « Des prix mondiaux plus favorables ont contribué à réduire le déficit du compte courant, allégeant ainsi une partie de la pression sur le financement extérieur. » Le déficit des transactions courantes devrait atterrir à -1,8 % du PIB en 2026 après -6,0 % en 2020-2021 et -8,7 % en 2022.
  5. Ressources domestiques : « La dépendance croissante de la Tunisie aux ressources domestiques pour combler le déficit de financement extérieur pourrait présenter des risques à moyen terme pour la stabilité de la monnaie et des prix. » Malgré cela, la BM prévoit la poursuite de la désinflation en 2025-2026.
  6. Financement domestique : « Le rôle croissant du financement domestique de la dette publique soulève des questions concernant l’effet d’éviction sur le secteur privé. » Compte tenu de l’aggravation des besoins de financement de l’État attendus, cet effet d’éviction devrait s’aggraver en 2025-2026.
  7. Inflation : « L’inflation ralentit progressivement, bien que demeurant au-dessus de la moyenne pré-Covid-19, en particulier pour les produits alimentaires, incitant le gouvernement à relever le salaire minimum garanti. »
  8. Budget de l’État : « Le budget de l’État reste sous pression alors que la croissance modérée affecte les recettes fiscales. » Les recettes fiscales et les dépenses publiques atteindront un plus haut en 2024 (resp. 28,6 % et 34,8 % du PIB) qu’elles ne dépasseront pas en 2025-2026.
  9. Perspectives économiques : « En supposant que les conditions de sécheresse s’atténuent, nous prévoyons une reprise modérée de la croissance en 2024-25, mais les perspectives économiques restent incertaines. » Sans doute en raison de la dette qui reste élevée : 79,6 % du PIB en moyenne 2025-2026 contre 80,2 % du PIB en 2024.

Conclusion : « Bien que la Tunisie ait réussi à collecter un niveau relativement élevé de recettes fiscales, le système fiscal pourrait être plus équitable et plus efficace. » Tout cela pour aboutir à la conclusion qu’il faut introduire une taxe carbone pour équilibrer fiscalité des revenus et fiscalité du capital.

Source : Ecoweek numéro 41