Le Cettex (Centre Technique du Textile en Tunisie), centre technique des textiles assiste et aide les entreprises à être plus compétitives. Il offre une assistance technique, la formation, l’expertise ainsi que les analyses laboratoires. Le Cettex abrite 3 laboratoires : un laboratoire toxicologique, un laboratoire des analyses physiques et un laboratoire des analyses fil.

Entretien sur le rôle du Cettex, dans le développement du secteur des textile en Tunisie, avec Mohsen Missaoui, directeur général, rencontré en marge du Salon Ecomondo à Rimini en Italie.

El Mohsen MIssaoui-CETTEX
El Mohsen MIssaoui-Directeur Général -CETTEX

Quelle place occupe aujourd’hui le textile en tant que secteur potentiellement exportateur ?

Le secteur du textile en Tunisie occupe une place très importante dans l’économie nationale. Il contribue à l’équilibre socio-économique par la création d’emplois, l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) et surtout par l’exportation. Il est le deuxième secteur exportateur en Tunisie, après l’industrie mécanique et électrique. Il représente 30% des entreprises et 30% des emplois dans l’industrie manufacturière, avec environ 1500 entreprises employant 150.000 personnes.

Quel est l’apport du CETTEX dans le développement technologique du textile ?

En matière d’innovation, de nouvelles technologies et de formation, le CETTEX joue un rôle crucial dans l’évolution du secteur. Le ministère de l’Industrie et de l’Énergie a mis en place une nouvelle stratégie industrielle et d’innovation pour 2035.

L’un des axes principaux de cette stratégie est d’améliorer la transition numérique et technologique de l’industrie tunisienne. Grâce à des structures comme le CETTEX, cette stratégie est en cours de mise en œuvre pour renforcer la compétitivité de nos entreprises.

Pour nous, la compétitivité ne se résume pas à baisser les prix, mais à innover.

Récemment, nous avons mis en place un nouveau laboratoire, l’OpenLab, pour soutenir la transition numérique et écologique par les technologies. Ce laboratoire aide particulièrement les petites et moyennes entreprises à rester compétitives en fournissant des solutions adaptées et innovantes.

Comment se présente le partenariat entre le CETTEX et la FTTH ?

Le partenariat entre la FTTH et le CETTEX est solide et évolue rapidement. Le CETTEX est un membre du conseil d’administration de la FTTH. Il travaille en étroite collaboration avec la Fédération pour améliorer la compétitivité des entreprises et offrir de nouveaux services au secteur textile, qui est dynamique et en constante demande de nouveautés.

Notre partenariat est axé sur des stratégies et des programmes avant-gardistes. S’agissant de l’impact environnemental, il faut savoir que le secteur textile est le deuxième plus polluant au monde après l’industrie pétrolière, consommant beaucoup de ressources naturelles, notamment l’eau.

Nos industriels ont investi dans des technologies de pointe pour réduire significativement la consommation d’eau et d’énergie, notamment par la mise en place de stations de traitement des eaux usées en circuit fermé. Ces efforts permettent de réduire le stress hydrique et l’empreinte carbone, positionnant ainsi notre secteur comme un leader écologique en prévision des nouvelles législations européennes sur l’empreinte carbone.

Qu’est ce qu’un Salon comme Ecomondo peut apporter au Cettex ?

La participation du CETTEX à des salons technologiques vise à explorer de nouvelles pistes de coopération avec les fournisseurs de technologies, à établir des réseaux et à partager les meilleures pratiques et solutions écologiques. Ces participations permettent également de nouer des partenariats avec des fournisseurs de technologies et d’adopter des solutions écologiques dans nos procédés.

La Tunisie doit renforcer sa présence dans ces manifestations pour encourager davantage les industriels à adopter de nouvelles technologies. Une ligne de crédit pourrait aider les industriels à acquérir ces technologies, améliorant ainsi notre compétitivité.

Est-ce que vous considérez que la Tunisie profite comme il se doit de pareilles manifestations ?

J’estime que nous devons encourager nos industriels à participer à pareils Salons, voir les nouveautés et les nouvelles solutions proposées pour être dans l’air du temps est important.,

L’innovation est devenue aujourd’hui un facteur important et pour être plus compétitifs, il faut être plus innovants et adopter de nouvelles valeurs respectueuses de l’environnement, de l’équilibre climatique et du développement durable.

Les concurrents sont des géants asiatiques, donc notre plus est de s’orienter vers le green, ce qui correspond aux exigences du nouveau consommateur.  Jusqu’ici, nous sommes bien positionnés : nous avons le savoir-faire, et la technologie. Nous travaillons par ailleurs à adapter nos cadres réglementaires aux exigences écologiques.

Le marché tunisien est trop exigu pour le potentiel d’un tissu entrepreneurial aussi performant que celui tunisien et qui est orienté principalement vers l’Europe, n’est-il pas grands temps de diversifier les marchés ?

La Tunisie a signé des accords de libre-échange avec des zones comme la ZLECA et la COMESA, ce qui nous permettra d’accéder à des marchés importants dotés d’un grand potentiel.

Nous envisageons également une coopération triangulaire avec les pays africains pour pénétrer le marché américain, notamment dans le secteur du jean, qui est le deuxième marché mondial avec une valeur de 3,6 milliards de dollars. Une part de 3% de ce marché pourrait augmenter la croissance économique de la Tunisie de 2 points.

Il est essentiel de développer davantage les partenariats avec l’Afrique subsaharienne pour accéder à ces marchés. Le ministère de l’Environnement, en coopération avec le ministère de l’Industrie et d’autres ministères, travaille à la mise en place d’un nouveau code de l’industrie dans le cadre du développement durable.

Sur quoi planche le CETTEX aujourd’hui ?

Sur le jeans. La Tunisie, est le 4ème fournisseur de l’Union européenne en jeans avec une part de marché de 8,6% et elle est le premier fournisseur de l’UE en vêtements de travail.

Nous allons mettre en place un projet pilote destiné au jeans pour faire de la Tunisie un site incontournable dans tout ce qui est éco-denim.

Le projet pilote va se faire en partenariat avec un bailleur de fonds et notre objectif des jeans avec zéro consommation d’eau et zéro pollution.

Les industriels, chercheurs et opérateurs privés peuvent profiter de ce projet.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali