avionAprès la décision des équipementiers automobiles off shore implantés en Tunisie de réinvestir,  massivement,  dans des extensions de leurs usines, c’est autour des équipementiers aéronautiques de faire de même. La tendance commence à être visible. Les projets d’extension de deux partenaires de grands industriels de l’aéronautique implantés en Tunisie méritent qu’on s’y attarde.

La première extension annoncée officiellement concerne

le groupe français Figeac Aero, spécialisé dans la fabrication de composants aéronautiques. C’est le PDG du groupe, Jean-Claude Maillard, qui a fait, il y a deux mois, le déplacement à Tunis, pour en informer les autorités tunisiennes.

Le groupe français Figeac Aero renforce sa présence en Tunisie

Le groupe prévoit une extension de son unité de production dans la zone industrielle de Mghira 5 (gouvernorat de Ben Atrous) avec la création de plus de 120 nouveaux emplois. Est il besoin de rappeler que Figeac Aero, acteur majeur dans son domaine, emploie, déjà,  dans son unité de production, à Mghira, plus de 775 personnes.

La deuxième extension projetée est à l’actif de la société off shore Pursuit Aerospace, multinationale américaine implantée, depuis, 2000 à Megrine (gouvernorat de Ben Arous).

Bientôt l’extension de Pursuit Aerospace

Le projet d’extension a été annoncé à l’occasion d’une récente visite dans les locaux de l’unité, par l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie Joey Hood.

Le groupe, fabricant de premier plan en matière de composants et de matériaux  pour le secteur de l’aéronautique, est spécialisé dans la fourniture de solutions aux applications d’usure, de chaleur et de corrosion. Le groupe est réputé pour son expertise développée dans les alliages de cobalt et de nickel laquelle expertise lui a permis d’élaborer un portefeuille complet de matériaux qui sont devenus des références du secteur pour de nombreuses applications critiques.

“L’extension des usines Figeac Aero et Pursuit Aerospace témoigne de la confiance des investisseurs étrangers dans le potentiel de la Tunisie.”

Par delà ces annonces, les projets d’extensions de deux grands équipementiers aéronautiques ne manqueront pas de renforcer une industrie aéronautique en pleine croissance en Tunisie. Ces projets  sont vivement encouragés par les structures tunisiennes d’appui à l’investissement extérieur. En effet, pour contourner les difficultés rencontrées, ces dernières années pour attirer de nouveaux investisseurs étrangers, ces mêmes structures ont décidé de fidéliser les entreprises off shore existantes et de leur faciliter tout projet de réinvestissement, voire d’extension.

Selon des données fournies par l’Agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (APII), ce secteur, retenu officiellement comme une activité stratégique de l’économie tunisienne, représente plus de 3,5% du PIB tunisien, compte une cinquantaine d’entreprises dont 90% totalement exportatrices et emploie 10 000 personnes. En 2023, le secteur a exporté pour près de 1,3 MDT, soit 2,1% de la valeur totale des exportations de la Tunisie.

L’industrie aéronautique, un secteur en plein de croissance

Le secteur s’est fortement développé, ces vingt dernières années, notamment, par la création d’une chaîne de valeur intégrée présente dans tout le pays (dans le Grand Tunis, avec le parc aéronautique de Mghira, mais aussi dans le Sahel, à Soliman, Bizerte, Béja, Zaghouan ou encore Sfax).

Ce début de performance tire son origine des avantages comparatifs qu’offre le site de production internationale Tunisie pour les investisseurs étrangers dans ce domaine. Au nombre de ceux-ci, figurent : un site industriel « best cost » compétitif, le nearshoring voire, la proximité géographique de l’Europe (faibles coûts de transport, courts délais d’approvisionnement et de livraisons), la qualité et compétitivité de la main-d’œuvre qualifiée (ingénieurs et techniciens).

“L’expertise tunisienne, couplée à des coûts compétitifs, fait de la Tunisie une destination de choix pour les entreprises aéronautiques.”

Mention spéciale pour la présence française avec près de 40 entreprises opérant dans le secteur. La France est le premier pays investisseur étranger du secteur. Présentes sur l’ensemble du territoire, les entreprises françaises du secteur aéronautique emploient près de 8 500 personnes, soit 92% du total des emplois du secteur aéronautique.

Pour la plupart, membres du Groupement des industries tunisiennes aéronautiques et spatiales (GITAS), les entreprises françaises sont positionnées sur l’ensemble de la filière : usinage de haute précision, assemblage, systèmes aéronautiques, ingénierie et bureau d’études, maintenance, câblage, et traitements de surface. Parmi elles, des leaders du secteur tels que Airbus Atlantic, Mecachrome, Safran, Latecoere, Figeac Aero, Corse Composite Aéronautique ou encore Hutchinson.

“La Tunisie doit saisir cette opportunité pour développer une industrie aéronautique durable et innovante.”

Néanmoins, selon des observateurs de l’attractivité du site Tunisie, ce dernier serait confronté à plusieurs défis dont une concurrence accrue d’autres sites dont celui du Maroc et le respect des normes de décarbonation exigées aux frontières européennes.

Au rayon des pistes à explorer pour perdurer, les mêmes observateurs proposent la possibilité pour la Tunisie d’investir dans les solutions complètes et plus sophistiquées pour l’aéronautique du futur, à l’instar de l’accord de partenariat conclu récemment dans le secteur automobile entre Ampère, filiale du groupe Renault spécialiste des technologies pour véhicules électriques, et le  groupe ACTIA Tunisie, spécialisé dans les systèmes électroniques embarqués pour voitures. Les deux groupes se  sont associés pour développer, sur le site Tunisie, des logiciels de diagnostic pour les véhicules électriques de nouvelle génération.  Des groupes off shore opérant dans l’aéronautique peuvent faire autant.

Abou Sarra