Dans le cadre de la 35ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC, 14-21 décembre 2024), la Cinémathèque Tunisienne a organisé, hier mardi, à la salle Sophie Golli-Cité de la Culture, une table ronde intitulée “Les enjeux actuels de la critique cinématographique”. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de l’hommage à la mémoire de Khemais Khayati, figure emblématique de la critique cinématographique en Tunisie.

Modérée par Mohamed Tarek Ben Chaabane, la rencontre a réuni trois grands critiques en l’occurrence Ibrahim Al Ariss (Liban), Oussama Abdel Fattah (Egypte) et Ahmed Boughaba (Maroc).

La table ronde a débuté avec un vibrant hommage au regretté Khemais Khayati (1946-2024), mettant en lumière son riche apport à travers ses contributions comme journaliste, critique de cinéma et photographe.

Les intervenants ont mis l’accent sur son approche singulière, alliant critique comme véritable acte de réflexion culturelle et artistique et connaissance approfondie des cinémas arabe, africain et occidental.

La table ronde a, par la suite offert l’occasion pour les panélistes de se pencher sur les mutations contemporaines de la critique cinématographique à l’ère numérique. Des formats modernes tels que les podcasts, les vidéos ou les critiques sur les réseaux sociaux ont été au cœur des débats. Pour Oussama Abdel Fattah, «la critique cinématographique n’a pas disparu, mais elle doit se réinventer pour qu’elle soit pertinente. Elle évolue avec la société et s’enrichit de nouveaux outils, à condition de conserver une base solide de connaissances cinématographiques et techniques».

De son côté, Ibrahim Al Ariss a insisté sur la dimension créative de la critique, affirmant que « la critique d’un film, c’est aussi un acte artistique qui résiste au temps». Les discussions ont permis de soulever l’importance de la critique comme outil d’analyse et d’expression dans un monde cinématographique en constante évolution.

Dans le contexte de l’hommage posthume à Khemais Khayati, une exposition de ses photographies se tient à la Galerie Hamadi Essid, située face à la salle Sophie Golli. Cette collection regroupe des portraits en noir et blanc d’acteurs, réalisateurs et figures emblématiques qui ont marqué le cinéma arabe, africain et international, des années 70 aux années 90. Des portraits d’un grand nombre de figures du cinéma comme la réalisatrice tunisienne Moufida Tlatli, le cinéaste égyptien Youssef Chahine, l’acteur égyptien Hussein Fahmy ou encore l’actrice britannique Jacqueline Bisset sont immortalisés par l’objectif de Khemais Khayati. Une exposition de photographies qui vient témoigner de son regard artistique particulier, de sa vision unique et de son rôle de passeur de mémoire dans le monde du cinéma.