Ces dernières semaines, les professionnels du tourisme multiplient les rencontres pour identifier les moyens de lutter efficacement contre la saisonnalité du secteur et lui conférer, toute l’année, durabilité et continuité.
C’est ce que le ministre actuel du tourisme et de l’artisanat, Sofiane Tekaya, appelle “le tourisme continu”.
Dans cette perspective, plusieurs manifestations ont été organisées pour valoriser un produit phare, celui du tourisme saharien et oasien.
En dépit de son attractivité, reconnue internationalement, ce produit n’a pas pu se développer, ces dernières décennies, en raison des manœuvres contreproductives menées pour l’occulter et le marginaliser. Ces manœuvres étant, selon les observateurs du secteur, l’œuvre des lobbyistes du balnéaire avec la complicité de l’administration centrale.
Trois initiatives d’excellente facture méritent qu’on s’ay attarde.
Tataouine destination touristique reconnue par l’AFT
La première consiste en la récente décision de l’Agence foncière touristique (AFT) de créer la première zone touristique à Tataouine.
Ce projet, mûri pendant près de 20 ans, verra le jour à Biyach, à seulement quatre kilomètres du centre-ville de Tataouine. S’étendant sur huit hectares, cette zone servira de tremplin pour l’exploitation du potentiel touristique unique de la région, alliant patrimoine culturel et beauté naturelle.
La zone dont la capacité potentielle est estimée dans une première étape, à 10 mille lits, , comprendra un hôtel, deux espaces de loisirs et un centre multifonctionnel dédié à des événements culturels.
Cette première zone sera renforcée et enrichie par deux autres zones programmées à Aïn Kordi, sur 130 hectares, et à Tataouine Sud, dans la vallée de l’Oued Dakouk, qui se développera par phases.
Pour mémoire, la destination Tataouine jouit d’une notoriété internationale. Elle a été valorisée, depuis les années 70 par le film de science-fiction Star Wars (La Guerre des étoiles) créé par le réalisateur, scénariste et producteur américain George Lucas.
Mieux, début 2024, le sud de la Tunisie a été classé parmi les 10 meilleures destinations en 2024, le Routard, prestigieuse collection française de guides touristiques a classé le Sud de la Tunisie (5ème), parmi le Top des 10 meilleures destinations pour voyager et partir en vacances en 2024.
La sélection du sud de la Tunisie a été faite sur la base d’une nouvelle tendance touristique originale qui vient d’émerger. C’est ce que les professionnels appellent « la tendance des dupes ». Comprendre : il s’agit de destinations alternatives choisies par les voyageurs à la place des lieux les plus prisés.
L’ISSOT, salon pour promouvoir le tourisme saharien et oasien
La deuxième initiative a trait à l’organisation, du 3 au 5 décembre 2024, à Tozeur, de la 1ère édition du Salon international du tourisme saharien et oasien (Issot).
Trois jours durant, tour-opérateurs, hôteliers, restaurateurs, professionnels du secteur, responsables locaux et régionaux, ainsi que des ONG spécialisées, ont été invités à ce grand débat sur le tourisme saharien, un secteur porteur et fort prisé.
Ainsi, l’écosystème oasien qui, en dépit de son attractivité reconnue internationalement, sera renforcé pour sa promotion par le salon (ISSOT) aux côtés des deux grands festivals internationaux, organisés, chaque fin d’année : l’un est dédié aux oasis de Tozeur, l’autre au Sahara de Douz, à Kébili.
Gafsa et Gabès ne seront pas en reste…
La troisième initiative concerne les destinations touristiques localisée à l’entrée du Sahara. Il s’agit des régions de Gafsa et de Gabès.
S’agissant de Gafsa, le ministre du tourisme, s’est engagé lors de sa récente visite au sud du pays à restaurer trois sites emblématiques : piscine romaine, Borj de Gafsa (ancienne forteresse en pierre), et Dar Loungo (maison traditionnelle au charme authentique).
Dans le sillage de ces bonnes nouvelles, le ministre du Tourisme a annoncé le retour prochain du train touristique « Le Lézard Rouge », une fois les travaux de maintenance achevés par la Société Nationale des Chemins de Fer Tunisiens (SNCFT).
Concernant Gabès, le ministère du tourisme entend renforcer et valoriser l’oasis maritime de Gabès et l’héritage berbère des troglodytes à Matmata.
Promouvoir le tourisme des régions
Abstraction faite de cette tendance à valoriser la dimension touristique et écologique des écosystèmes saharien et oasien du sud du pays, nous pensons que le gouvernement a bien fait de dépoussiérer de bons programmes élaborés, dans le passé. Il s’agit entre autres du programme du tourisme des régions. En vertu de cette stratégie, les spécificités de chaque région seraient prises en considération et mises en valeur. Entendre par là qu’une région ne peut être vendue sur tous les marchés car chaque marché a ses préférences.
Pour réussir ce concept «Une Région/Marché(s) cible(s)», il faudrait peut-être décentraliser la fonction marketing et doter chaque région d’une structure indépendante dans ce sens.
Et pour ne rien oublier, il nous semble intéressant d’élargir le processus de diversification du tourisme à d’autres produits. Au nombre de ceux-ci, il y a lieu de citer le tourisme spirituel (valorisation des villes de Kairouan (monument islamique), Mahdia (ville fatimide chiite), Djerba (El Ghriba… ), le tourisme culturel (valorisation de plus de 2500 sites archéologique), le tourisme de montagne au nord ouest…
A bon entendeur.