DéchetsLa piscine du Belvédère, la maison de culture Ibn Khaldoun, et désormais des instructions données par le président de la République pour réaménager la place Barcelone. Est-ce vraiment au président de veiller à l’embellissement des villes, à la préservation du mobilier urbain et à l’amélioration du cadre de vie des habitants ?

Est-il normal que seules les places et les lieux où se rend le président soient propres, bien aménagés et agréablement conçus ? Devons-nous, en tant que contribuables, solliciter systématiquement l’intervention présidentielle pour améliorer notre environnement urbain?

Si la place Pasteur a retrouvé son éclat et que la piscine du Belvédère a été réédifiée sur instructions présidentielles, il suffit de marcher quelques pas vers l’avenue Charles Nicolle, où se trouve la célèbre pâtisserie Ben Yedder. Cette avenue, qui abrite des départements sous la tutelle des ministères de l’Équipement et de l’Agriculture, est dans un état de délabrement avancé : trottoirs abîmés, abris de bus vétustes et saleté omniprésente.

Un peu plus loin, au Centre Urbain Nord, autrefois un quartier résidentiel prestigieux, le constat est tout aussi alarmant. Pavages défectueux, trottoirs en mauvais état, arbres arrachés sans explication. La principale avenue Béji Caïd Essebsi, autrefois fleuron du quartier, est aujourd’hui jonchée d’ordures débordant des bennes disposées çà et là.

DéchetsCet état de délabrement touche également les cités populaires, où la situation est encore plus préoccupante. Les marchés municipaux, construits dans les années 60 et 70, croulent sous les étals anarchiques qui colonisent l’espace public et rendent la circulation difficile. Le marché municipal de la Cité El Khadra, visité par le président lui-même, illustre cette réalité. Si des travaux de réaménagement ont été lancés récemment, il reste à espérer qu’ils aboutiront avant le mois de Ramadan et permettront de mettre fin à l’occupation illégale des chaussées.

Les collectivités locales face à leurs responsabilités

Le délabrement urbain est un problème récurrent dans la ville de Tunis et dans d’autres régions du pays. Cela soulève plusieurs questions essentielles : À quoi servent les collectivités locales ? Pourquoi élire des représentants incapables d’améliorer la qualité de vie des citoyens ? Où vont les taxes municipales censées financer les infrastructures et les services publics ?

Pourquoi, à ce jour, aucun programme réaliste et concret n’a été mis en place pour améliorer durablement l’environnement urbain ? Les collectivités locales et leurs responsables doivent-ils attendre des instructions présidentielles pour accomplir leurs missions, ou doivent-ils enfin assumer leurs responsabilités envers les citoyens ?

Un manque de moyens ou un problème de gestion ?

Cette incapacité est-elle due à un manque de moyens financiers ? L’héritage post-Nahdha aurait-il laissé les municipalités, y compris celle de Tunis, exsangues au point de ne pas pouvoir assurer les services essentiels, comme la collecte des déchets ? Si tel est le cas, qui doit intervenir pour doter les municipalités des ressources nécessaires ?

Il est légitime de se demander où vont les impôts sur le revenu des contribuables tunisiens, dans un pays où la pression fiscale est parmi les plus élevées d’Afrique, alors que la qualité de vie ne cesse de se détériorer.

À quand un grand ménage dans les villes, sans qu’il soit nécessaire que le président de la République intervienne personnellement, car ses responsabilités sont bien plus importantes que la propreté et l’embellissement des espaces publics ?