L’expert en risques financiers, Mourad Hattab, a appelé à la création d’un pôle unique d’investissement pour optimiser la gestion des projets en Tunisie et renforcer l’attractivité du pays en tant que destination d’investissement.

Dans un entretien accordé à l’Agence TAP, il a estimé que la multiplication des agences spécialisées freine l’efficacité des opérations d’investissement et alourdit le dispositif administratif.

Un diagnostic de l’existant

Actuellement, la Tunisie compte plusieurs structures dédiées à la promotion et à la gestion des investissements, telles que le Conseil Supérieur de l’Investissement, l’Instance Tunisienne de l’Investissement (TIA), l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles (APIA) ou encore l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (FIPA). Selon Mourad Hattab, cette fragmentation nuit à la coordination et à la transparence, tout en compliquant les démarches pour les investisseurs locaux et étrangers.

Le président de la République, Kaïs Saïed, a lui aussi critiqué cette prolifération de structures, rappelant qu’un seul organisme suffit dans certains pays pour gérer l’investissement.

Proposition d’un pôle d’investissement intégré

Mourad Hattab préconise la mise en place d’un pôle unique d’investissement, regroupant l’ensemble des agences existantes sous une même structure. Ce pôle aurait pour mission de :

  • Centraliser les opérations liées à l’investissement.
  • Simplifier les démarches administratives à travers une plateforme numérique unique.
  • Améliorer la coordination entre les différents acteurs économiques.
  • Accélérer la mise en œuvre des projets stratégiques bloqués.

Ce pôle viserait également à limiter les interventions humaines dans les processus administratifs pour garantir transparence et bonne gouvernance.

Un système digital et transparent

L’expert propose de doter ce pôle d’une plateforme électronique unifiée, permettant :

  • L’accompagnement des investisseurs.
  • La réduction de l’usage des documents physiques.
  • La création d’une banque de données intégrée pour réaliser des études de marché tenant compte des spécificités régionales et sectorielles.
  • La mise en place d’indicateurs de performance pour évaluer l’impact des investissements et assurer une amélioration continue.

Secteurs attractifs mais défis persistants

Malgré des secteurs économiques prometteurs, les procédures administratives restent complexes, freinant l’attraction des investissements. Selon les données de la FIPA, la Tunisie a attiré 2 125,9 millions de dinars d’investissements étrangers sur les neuf premiers mois de 2024, marquant une hausse de 14,4 % par rapport à l’année précédente. Cependant, Mourad Hattab insiste sur la nécessité de réformer la loi sur le partenariat public-privé (PPP) pour inclure une dimension sociale et mieux répondre aux besoins de développement.

Un rôle stratégique pour l’international

Hattab propose également de doter le futur pôle d’investissement de représentations à l’étranger pour promouvoir les opportunités d’investissement en Tunisie. Cela contribuerait à attirer davantage de financements et à consolider l’image de la Tunisie sur la scène internationale.

Des projets stratégiques à débloquer

Parmi les projets en attente figurent des initiatives cruciales comme le port en eau profonde d’Enfidha et la plateforme des marchés de production du Centre. Leur concrétisation nécessitera une meilleure gouvernance, mais aussi une mobilisation efficace des financements nationaux et internationaux.

Avec une enveloppe budgétaire prévue de 70,7 millions de dinars pour le Fonds Tunisien de l’Investissement en 2024, la Tunisie dispose des bases pour consolider son attractivité, à condition de restructurer son écosystème d’investissement et de rationaliser ses processus.