Prés de 3 000 dirigeants venant de plus de 130 pays ont rejoint Davos le 20 janvier pour une 55ème édition du Forum économique mondial titrée : « Collaboration à l’ère de l’intelligence »..
Plus de 300 dirigeants gouvernementaux dont 60 chefs d’État participent au Forum. Les grands présidents des groupements économiques ont été, quant à eux, partagés entre Davos et Washington où se déroulait l’investiture du nouveau président US Donald Trump.
Les axes les plus importants du Forum : repenser la croissance, briser le cycle des taux élevés de l’endettement, renforcer la capacité des économies à être résilientes face aux changements climatiques et discuter des moyens à mettre en œuvre pour tirer profit des avancées technologiques et de l’intelligence artificielle pour améliorer les conditions de vie et assurer la prospérité commune.
Les panelistes ont eu à examiner les résultats de l’enquête menée par le World Economic Forum et publiée mercredi 15 janvier sur les risques globaux.
Le rapport des Risques globaux fait état de la perception des opérateurs économiques que les menaces les plus sévères pour chaque pays. 11000 chefs d’entreprises représentant 113 économies ainsi que 909 experts issus du milieu universitaire, du secteur privé, du gouvernement, de la communauté internationale et de la société civile ont répondu aux questions posées par les analystes du Forum. Il a identifié 33 risques globaux, : sociétal, économique, technologique et environnemental.
La peur des conflits armés entre États arrive en premier suscitant l’appréhension de 23% des sondés, à l’international, suivie par les événements climatiques extrêmes, la confrontation géoéconomique, la désinformation et fausses informations ainsi que la polarisation sociétale et le ralentissement économique.
En Tunisie, alors que les participants au rapport risques datant de 2023 craignaient la crise de la dette, leurs craintes respectives pour 2024 et 2025 ont été : le ralentissement économique et la pénurie de l’approvisionnement en eaux. La peur de l’effondrement de l’État en 2023 a fait place en 2024 à celle du surendettement public et du ralentissement économique en 2025 : la récession et la stagnation ainsi que la pénurie de l’approvisionnement alimentaire représentent des préoccupations sérieuses pour les acteurs économiques tunisiens en 2025 venant bien avant la dette publique et l’inflation.
La solidarité internationale affrontée à l’égocentrisme de Trump ?
En réponses aux inquiétudes des acteurs économiques internationaux, le Forum de Davos recommande de promouvoir le multilatéralisme, le développement des relations stratégiques, l’amélioration des cadres de gouvernance, l’amélioration des systèmes de suivi et la qualité des rapports et des évaluations, la mise place d’un ensemble de normes mondiales et l’encouragement des politiques de travail flexible. Les relations économiques internationales pourraient-elles changer après l’investiture de Trump ? La solidarité internationale doit-elle affronter l’égocentrisme de Trump ?
Autre question, les recommandations de Davos parcourues : quelles sont les chances de traduire les recommandations de Davos sur terrain lorsque la première économie mondiale est conduite aujourd’hui par un Trump décidé à revoir de bout en bout ses politiques économiques internationales. “America First” sonne le glas de la mondialisation et freine considérablement l’avenir du commerce international et du multilatéralisme.
La première administration Trump avait remis en cause les principes traditionnels du commerce international, favorisant le protectionnisme, le nationalisme économique et les négociations unilatérales. La deuxième administration Trump pourrait accélérer davantage le protectionnisme mondial et affaiblir les institutions multilatérales.
Parmi les premiers décrets signés par le président US, le retrait des States de l’accord de Paris sur le climat et de l’Organisation mondiale de la Santé. Mettre les États-Unis et ses intérêts au dessus de toute autre considération dans la politique étrangère est presque une doctrine religieuses pour un Donald Trump prêt à remettre à l’ordre du jour la guerre commerciale entamée lors de son premier mandat ?
Si l’Europe s’agite sans arrêter des positions concrètes et sans unir sa posture face au grand retour de Trump, un Trump que ses dirigeants ont dénigré et pour lequel, ils ont exprimé le plus profond des ressentiments lorsque Biden, a remporté la victoire en 2021, à quoi des régions telle le MENA ou de petits pays tel la Tunisie doivent s’attendre ? Est -ce que la méthode “Compter sur soi” pourrait sauver l’économie nationale si son principal marché, l’Europe est malmené économiquement par le président US qui menace d’augmenter les droits de douane ?
Kamel Madouri, Chef du Gouvernement pense-a-il à préparer des scénarios de sauvetage dans le cas où les principaux partenaires de la Tunisie en Europe aient à souffrir de crises économiques importantes ? Donald Trump prévoit d’imposer des droits de douane globaux de 10 à 20 % sur toutes les importations étrangères, et d’autres encore plus élevés sur nombre de produits tels les voitures.
Pour l’Allemagne, cela se traduit par la récession d’un secteur important : celui automobile. Devons nous rappeler ce que cela veut dire pour une Tunisie dont l’un des principaux secteurs exportateurs est l’industrie automobile ?
La Tunisie n’est pas au mieux de sa forme sur le plan économique. Osons espérer que le gouvernement puisse anticiper des revers potentiels conséquences d’une récession économique possible de l’Europe.
L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a un jour déclaré que Trump ne croit pas aux partenariats gagnant-gagnant mais voit le monde à travers le prisme des gagnants et des perdants.
Quelle approche compte adopter notre gouvernement pour que la Tunisie vulnérable ne soit pas classée dans le camp des perdants ?
Amel Belhadj Ali
EN BREF
Forum de Davos 2025 : enjeux et défis face au retour de Trump
- Participants : 3 000 dirigeants de 130 pays, dont 60 chefs d’État.
- Thèmes clés : résilience économique, intelligence artificielle, climat, endettement.
- Rapport sur les risques : 11 000 chefs d’entreprise identifient les conflits armés (23%) et les crises économiques comme principales menaces.
- Défis pour la Tunisie : surendettement, pénurie d’eau et alimentaire d’ici 2025.
- Citation clé : « America First sonne le glas de la mondialisation. »
- Impact de Trump : hausse des droits de douane, tensions commerciales, recul du multilatéralisme.