L’excédent commercial de l’Allemagne avec les États-Unis a atteint un niveau record en 2024, selon les données publiées mardi par l’Office des statistiques, alors que l’administration du président américain Donald Trump vient de signer des décrets fixant des surtaxes sur l’acier et l’aluminium importés et instaurera dans les deux prochains jours des taxes douanières dites réciproques.

L’excédent commercial de la première économie européenne avec les États-Unis s’est amplifié à 70 milliards d’euros en 2024, bien au-dessus du précédent record de 63,3 milliards d’euros enregistré en 2023.

“Il serait difficile d’imaginer un pire moment”, a déclaré Holger Goerg, de l’institut de conjoncture IfW Kiel.

Le président américain Donald Trump a signé lundi des décrets relevant à 25% les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis, supprimant également les exemptions dont bénéficiaient les principaux pays fournisseurs de ces produits – Canada, Mexique, Brésil.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que toute décision de ce type ferait l’objet de mesures de rétorsion.

L’augmentation de l’excédent commercial allemand pourrait s’inverser, souligne toutefois Holger Goerg, si Trump imposait de nouveaux droits de douane sur les importations allemandes, une mesure avec laquelle le président américain cherche à stimuler l’industrie nationale.

Un conflit commercial avec les États-Unis, son principal partenaire commercial, serait un coup dur pour l’Allemagne en cette période de turbulences économiques et alors que le pays a enregistré sa deuxième année consécutive de contraction économique en 2024.

Les exportations allemandes vers les États-Unis, tirées par les automobiles et les produits pharmaceutiques, ont augmenté de 2,2% en glissement annuel pour atteindre le chiffre record de 161,3 milliards d’euros en 2024, consolidant ainsi la position des États-Unis en tant que premier acheteur de produits allemands.

Les importations en provenance des États-Unis ont en revanche diminué de 3,4% à 91,4 milliards d’euros l’année dernière.

Selon Holger Goerg, le déficit commercial des États-Unis reflète un manque de compétitivité internationale des produits américains qui ne sera pas résolu par le relèvement des droits de douane.

“Au contraire, je suppose que cela aurait un impact négatif sur les performances des exportations américaines”, a-t-il déclaré.

La situation est tout autre dans le secteur des services, où les États-Unis ont un fort excédent d’exportations, notamment vers l’UE et l’Allemagne, note-il.

“Donald Trump devrait inclure cela dans ses calculs”, a-t-il ajouté.