Le président Kaïes Saïed est apparemment déterminé à faire de la Tunisie le deuxième pays africain à se doter d’un Train à grande vitesse (TGV) après le Maroc. C’est du moins ce qui ressort de l’entretien que le chef de l’Etat a eu, mardi, 26 février 2025, avec le ministre du transport, Rachid Amri.
Ce dernier, qui était en visite officielle en Chine, semble avoir transmis au chef de l’Etat de bonnes nouvelles quant aux prédispositions de la partie chinoise de réaliser ce mégaprojet.
Le communiqué publié par la présidence de la république à l’issue de cet entretien ne donne pas beaucoup de précisions. Il nous indique que “le chef de l’État a abordé le projet du train à grande vitesse (TGV) dont il a ordonné l’examen et la mise en œuvre, le 17 septembre 2024, lors de l’audience accordée ce jour-là au chef du gouvernement Kamel Madouri. Le communiqué ajoute, à ce propos, que “ce projet d’envergure va relier le nord du pays au Sud et aura un impact significatif sur le secteur des transports et l’économie nationale”.
Les chinois auraient exprimé leur disposition à réaliser le mégaprojet
Néanmoins, en recoupant certaines informations, on peut avancer que le ministre des transports a bel bien informé le locataire de Carthage d’assurances fournies par la partie chinoise pour réaliser ce mégaprojet.
Est il besoin de rappeler que des négociations tuniso chinoise ont eu lieu à ce sujet depuis l’été dernier. Au mois d’août 2024, le journal d’expression arabe Chourouk avait publié une information faisant état de concertations d’affaires tuniso-chinoises portant sur la réalisation par des entreprises chinoises de projets d’infrastructure en Tunisie.
L’information nous a appris à l’époque qu’au cours d’une réunion tenue en présence d’une délégation du gouvernement chinois, la Tunisie a présenté 51 projets d’infrastructure dont le mégaprojet de modernisation du réseau ferroviaire tunisien.
D’après la même source, il a été question, entre autres, du projet de réalisation du premier TGV tunisien devant relier Bizerte (nord de Tunisie) à Tataouine (Sud du pays).
A l’époque, le journal a été plus loin. Il a évoqué l’examen de deux scénarios d’itinéraires que le futur TGV devrait suivre. Le premier devrait emprunter l’axe médian via la ville Kairouan, ce qui suppose l’intégration de la future Cité médicale dans l’itinéraire. Le second consisterait à moderniser la ligne ferroviaire reliant Bizerte à Gabès et à la prolonger vers Tataouine via Médenine.
C’est pour dire en somme, qu’un futur TGV en Tunisie n’est plus une simple bonne idée qui fait rêver mais bien un projet qui avance.
Le futur TGV tunisien, le projet dada de Kaïes Saïed
Pour mémoire, le président de la République, Kaïs Saïed, avait parlé de ce mégaprojet , une première fois, avec le président français Emmanuel Macron lors de la visite officielle effectuée, les 22 et 23 juin 2020, en France, une deuxième fois avec le président de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) Werner Hoyer lors d’une visite à Bruxelles, au mois de juin 2021, et une troisième fois avec le président chinois Xi Jinping lors de sa visite, du 28 mai au 1er juin 2024, en Chine.
Lors de ces entretiens, les européens n’ont pas donné de suite favorable à la demande tunisienne pour la réalisation de ce projet. ces derniers ont estimé qu’un TGV n’est pas pas une priorité pour la Tunisie recommandant à Kaïes Saïed de se focaliser sur la réhabilitation des 2.165 kilomètres de rails du pays.
Par contre les chinois, pour des raisons géostratégiques, semblent, porter un plus grand intérêt pour le projet du TGV tunisien, et ce, « dans le cadre de l’accord conclu lors de la visite d’Etat du président de la république en Chine en vue d’établir une relation de partenariat stratégique ».
Le mégaprojet se défend bien
Au niveau tunisien, nous pensons que le projet se défend bien. Pour cause. La mise en œuvre d’une liaison ferroviaire électrifiée rapide sur plus de 700 km est à même d’améliorer la qualité du transport ferroviaire dans le pays. Avec à la clé plusieurs avantages. Nous en avons parlé antérieurement de manière exhaustive. Nous les rappelons succinctement.
Au niveau intérieur, un projet d’une telle ampleur va favoriser une liaison terrestre entre les différentes régions du pays. La qualité de transport du TGV et la sécurité qu’il offre vont encourager les Tunisiens à voyager plus à l’intérieur du pays, soit pour des motifs de travail, d’études, ou touristiques. Un futur TGV devrait permettre aux Tunisiens, partout où ils se trouvent à l’intérieur du pays de mieux se connaître et d’atténuer les malentendus et grincements qui surviennent, de temps en temps, à cause des séquelles de tribalisme, de clanisme et de régionalisme.
Au niveau économique, la mobilité que favorisera le futur TGV entre le nord et le sud va inciter les commerçants, les hommes d’affaires du pays et autres prospecteurs d’opportunités à se déplacer dans les deux sens en vue de conclure de contrats à des fins commerciales ou d’investissement.
Au plan écologique, le mode de transport ferroviaire électrifié, réputé pour être un mode de transport propre, est le plus recommandé pour les prochaines décennies. Il a pour mérite de participer à la lutte contre la pollution, particulièrement à la réduction des émissions de gaz à effets de serre. En émettant moins de CO2, la Tunisie peut en tirer des gains significatifs en vendant, sur le marché international, à des entreprises polluantes ses économies de carbone, voire « son droit à polluer » non exploité.
Et pour ne rien oublier, les détracteurs du Président Kaïes Saïed ont vivement critiqué le projet. Ils le qualifient de “pharaonique d’inopportun”. Pour eux, la Tunisie, confronté à des difficultés financières aigues, aurait plus intérêt à se préoccuper en priorité de l’éducation, de la santé, de l’approvisionnement régulier en produits de base”.
A méditer.
Abou SARRA
EN BREF
TGV en Tunisie : Un projet en marche ?
– Un projet ambitieux : Le président Kaïs Saïed veut faire de la Tunisie le deuxième pays africain à se doter d’un TGV après le Maroc.
– Un tracé stratégique : Le train relierait Bizerte à Tataouine, via Kairouan ou Médenine.
– Un soutien chinois ? : Pékin aurait exprimé son intérêt pour financer et réaliser le projet.
– Enjeux économiques et écologiques : Améliorer la mobilité, stimuler les échanges et réduire les émissions de CO₂.
– Débat en cours : Opportunité de développement ou investissement risqué pour un pays en crise ?
– Le réseau ferroviaire tunisien comporte 23 lignes, d’une longueur totale de 2170 km.