Au commencement, des signalements faits par des céréaliculteurs de certaines zones de production. Ces derniers ont constaté le début de l’épiaison prématurée de certaines variétés de blé tendre. Comprendre : les changements climatiques observés en Tunisie ces dernières années, notamment la hausse des températures hivernales par rapport aux moyennes habituelles, ont entraîné un accélération de la croissance des cultures, en particulier des céréales, et ont conduit à leur arrivée à des stades de développement avancés.
Ces mêmes céréaliculteurs, basés dans les gouvernorats de Tataouine, Manouba, Sfax, Kairouan, Tozeur…, ne se sont pas contentés d’observer, passivement, le phénomène. Ils ont pris l’initiative d’en tirer le meilleur profit et d’expérimenter, la culture des céréales deux fois par an et dans des zones réputées peu propices à la céréaliculture, s’agissant particulièrement des régions du sud du pays (Tataouine, Médenine).
Au départ, une expérimentation réussie
Cette expérimentation a donné des résultats spectaculaires d’après ces mêmes céréaliculteurs lesquels, pour y arriver, ont exploité l’augmentation des températures durant toute l’année pour développer moyennant, l’irrigation d’appoint, des cultures céréalières automnales et hivernales.
La seule condition à réunir pour rentabiliser ce constat était de le valider par les institutions de recherche et par les autorités agricoles du pays dont dépend la logistique : le financement et la mobilisation des compléments hydriques nécessaires pour l’irrigation d’appoint. Objectif : doubler la production du pays en céréales.
Informés des signalements des céréaliculteurs quant aux changements observés, les services du ministère de l’agriculture ont réagi positivement.
Dans un premier temps, ils ont commencé par opérer les inspections nécessaires dans un ultime objectif : rassurer d’abord les céréaliculteurs (et non-calculateurs) quant à l’épiaison prématurée de certaines variétés de blé. Les résultats de ces inspections et les opérations de suivi sur le terrain ont montré que ce phénomène ne représente actuellement aucune menace pour la récolte.
Le ministère de l’agriculture prend les choses en main
Dans un deuxième temps , les services agricoles du pays, apparemment convaincus de l’enjeu que représente deux campagnes céréalières pour le doublement de la production, a décidé d’encourager la culture des céréales au sud du pays.
A titre indicatif, la céréaliculture a été intensifiée dans la zone Remada, extrême sud du pays. Ainsi, après avoir expérimenté avec succès, en 2023, les cultures de blé dur et d’orge, sur 6 hectares, plus exactement dans la zone de Dehiba (délégation de Remada), cette année les services agricoles locaux ont programmé pour la saison 2024-2025 130 hectares.
L’accessibilité à hauteur de 10% (4 800 milliards de m3) aux grandes réserves d’eau souterraine, commune avec l’Algérie et la Libye (système aquifère du Sahara septentrional ou SAAS), a permis d’irriguer la production et les résultats de la récolte ont été prometteurs. Mieux, le ministère de l’agriculture a décidé d’accompagner les céréaliculteurs en leur fournissant engrais et équipements nécessaires.
Stratégie pour le développement de la céréaliculture au sud du pays
Pour encadrer le développement de la céréaliculture au sud de la Tunisie, le ministère a arrêté une stratégie cohérente. Il l’a justifiée par quatre principales raisons :
Premièrement, avec le réchauffement climatique, les superficies favorables à la culture des céréales ne cessent de se réduire en passant de 1,4 million d’ha (moyenne durant la première décennie 2000) à seulement 972 000 ha l’année dernière. La Tunisie espère emblaver 1,173 million d’ha pour l’année 2024-25.
Deuxièmement, quoique très fluctuante, en fonction essentiellement de la pluviométrie, la production de céréales ne cesse de chuter ces dernières années. La production moyenne, toutes céréales confondues, se situait entre 17 et 18 millions de quintaux. Elle serait de 12 à 14 millions seulement pour la campagne dernière et beaucoup moins l’année d’avant.
Troisièmement, le besoin en céréales, destinés à la consommation humaine, ne cesse d’augmenter et se situerait aux alentours de 30 millions de quintaux et le déficit ne cesse d’augmenter.
Quatrièmement, le blé dur est bien adapté et se développe bien dans les régions chaudes et sèches comme le sud Tunisien.
EN BREF
Céréaliculture au Sud de la Tunisie : Une Nouvelle Stratégie Face au Climat
Constat
🌡️ Hausse des températures hivernales entraînant une croissance accélérée des céréales.
🌾 Expérimentation réussie de cultures céréalières automnales et hivernales dans le sud (Tataouine, Médenine).
Résultats
✅ 6 ha cultivés à Dehiba en 2023 → 130 ha programmés pour 2024-25.
💧 Accès à 10% des réserves souterraines SAAS (4 800 milliards de m³).
Enjeu National
📉 Réduction des terres cultivables (1,4M ha en 2000 → 972 000 ha en 2023).
📊 Production en baisse : 12-14 Mq contre 17-18 Mq auparavant.
🍞 Déficit croissant : besoins à 30 Mq.
📌 Réponse Officielle
✅ Encouragement à la double récolte.
🚜 Soutien logistique : engrais, équipements, irrigation.