Illuminations d’El-Halfaouine” : Une soirée théâtrale entre révolte et enchantement

Entre des cris de douleur, échos des camps palestiniens, et voix portées par une quête incessante de justice et d’un lendemain meilleur, la troisième soirée du rendez-vous ramadanesque du Théâtre national tunisien “Illuminations d’El-Halfaouine” organisée dans la soirée du dimanche 16 mars 2025, a été marquée par une performance bouleversante, un théâtre de rue qui a plongé le public au cœur des camps de réfugiés palestiniens.

Intitulée “Camp des réfugiés”, mise en scène par Talal Ayoub et produite par l’Association Culture et Arts Sahloul de Hammam Sousse, la pièce a dressé un tableau poignant de l’exil et de la résistance.

Dans un décor évocateur, les jeunes comédiens ont incarné la douleur d’un peuple déraciné, donnant vie aux récits poignants de ceux qui ont fui la guerre et l’oppression. A travers des témoignages réels, entrelacés de vers de l’égyptien Amal Dunqul, surnommé le prience des poètes du refus” et le poète d’origine palestinienne Yahia Lababidi, le spectacle a fait vibrer le public au rythme d’une douleur universelle, portée par une scénographie immersive qui abolissait la frontière entre scène et réalité.

Lauréate des prix de la Meilleure scénographie et de la Meilleure mise en scène lors de la 34ème édition du Festival National du Théâtre Amateur, la pièce porte sur la peur, la famine, les bombardements et l’élan invincible de la résistance, faisant l’éhco d’un cri de solidarité envers Gaza, dénonçant l’injustice et affirmant le droit à la dignité et à la liberté.

L’interaction avec le public a culminé dans un moment d’intense ferveur, lorsque, submergés par l’émotion, les spectateurs ont répondu aux acteurs par une ovation vibrante, ponctuée de slogans en faveur de la Palestine. Dans cet espace scénique sans frontières, où l’art et la réalité se confondaient, la pièce s’est muée en un cri de révolte artistique et en un puissant élan de communion humaine.

Le Théâtre entre réalité et rêve

Après l’intensité dramatique du premier spectacle, l’atmosphère a basculé dans un univers enchanteur avec “La Reine de la nuit”, une pièce pour enfants mise en scène par Hatem Maraoub, inspirée du conte “La Flûte enchantée” d’Emmanuel Schikaneder et du célèbre opéra de Mozart.

L’histoire suit Pamina, une princesse découvrant que la mystérieuse Reine de la nuit, qu’elle croyait être sa mère, lui cachait la vérité sur son passé. Aux côtés du prince Tamino et du pétillant Papageno, elle se lance dans une quête initiatique où s’affrontent le bien et le mal.

Grâce à des décors féeriques, une mise en scène rythmée et des dialogues captivants, les enfants ont été transportés dans un monde où bravoure, amour et justice triomphent. Au-delà de son aspect ludique, cette pièce a insufflé aux jeunes spectateurs des valeurs essentielles, rappelant que le courage et la loyauté sont les piliers de toute quête humaine.

Si ces deux spectacles semblent opposés par leur tonalité et leur message, ils partagent pourtant une même ambition : faire du théâtre un miroir des réalités humaines et une échappatoire vers l’espoir.

“Camp des réfugiés “a porté un cri d’indignation et de mémoire, une onde de choc face à l’injustice. « La Reine de la nuit », quant à elle, a ouvert une fenêtre sur l’imaginaire, un refuge où la magie du récit permet d’appréhender le monde autrement. Entre cris de détresse et contes enchantés, le théâtre, sous toutes ses formes, se dresse, comme langage intemporel de l’humanité, pour porter haut la voix des opprimés.