Chaque 20 mars, la Tunisie célèbre fièrement son indépendance, acquise en 1956 après 75 années de colonisation française. Cet événement fondateur demeure gravé dans la mémoire collective, rappelant les sacrifices de milliers de Tunisiens tombés au combat, assassinés, exilés ou emprisonnés pour avoir défendu leur droit à la dignité nationale. Cette date symbolise surtout la naissance d’une nation souveraine.
L’indépendance tunisienne n’a jamais été un simple moment historique, mais un processus profond qui a transformé radicalement le pays. Sous l’impulsion de Habib Bourguiba, la Tunisie se dote dès 1956 d’institutions nationales fortes, engage une « décolonisation économique » ambitieuse et impose sa souveraineté en créant notamment la Banque centrale et sa propre monnaie, le dinar. Ce projet de société s’affirme par l’expropriation symbolique des terres coloniales et la création d’entreprises structurantes telles que la STEG, la SONEDE ou encore la STIR.
Mais l’héritage de l’indépendance ne se limite pas au passé. Aujourd’hui encore, ses acquis restent au cœur des préoccupations nationales. Au-delà de la souveraineté politique, c’est sur le terrain économique que se joue désormais l’avenir du pays. En effet, si les premières décennies d’indépendance ont vu s’épanouir des modèles économiques variés—collectivisme, libéralisme, puis ouverture aux investissements étrangers—, les défis actuels rappellent aux Tunisiens que la souveraineté économique demeure fragile.
Le pays, marqué par une série de crises depuis la révolution de 2011, doit aujourd’hui composer avec des tensions sociales persistantes, une dette croissante et une économie menacée. Cette instabilité rappelle à chacun que l’indépendance économique est inséparable de la justice sociale, sans laquelle aucune stabilité durable n’est envisageable. L’exemple de la Grèce, souvent évoqué, illustre le risque de dérive financière et sociale si ces défis ne sont pas relevés avec rigueur et concertation.
Pour préserver son indépendance et garantir son développement, la Tunisie doit renouer avec les fondamentaux du projet national initial : maîtriser le savoir, miser sur l’innovation technologique, et privilégier un dialogue social constructif.
À l’heure où la Tunisie commémore cet anniversaire historique, elle se rappelle que son indépendance est une œuvre toujours en construction. Entre fierté du passé et vigilance pour l’avenir, le 20 mars reste une invitation à l’action collective, une occasion de réaffirmer qu’aucun sacrifice ne sera vain si tous les Tunisiens participent équitablement aux efforts nécessaires à la prospérité et à la souveraineté durables du pays.