L’idée du collectif “Bled el Abar” (Le pays des puits) prend forme à travers l’exposition “Land of Wells”, qui sera présentée du 18 avril au 28 juin 2025 à l’espace d’art, de création et d’exposition Le 32bis à Tunis.
A travers cartes géographiques, photographies, vidéos et récits, cette exposition qui explore un territoire ancestral du désert tunisien, ponctué de puits qui ont, pendant des siècles, assuré la survie des humains, des animaux et des plantes dans un environnement aride, est une invitation à imaginer un avenir possible dans le désert.
L’exposition, accompagnée d’un livre publié pour l’occasion, retrace également les actions concrètes engagées pour la réparation de l’un de ces puits, en collaboration avec les communautés locales. Elle marque ainsi le lancement d’un projet plus vaste : restaurer ces infrastructures vitales tout en sensibilisant à leur valeur historique, culturelle et sociale.
Le collectif “Bled el Abar” est porté par le Laboratoire d’architecture réunissant les architectes Vanessa Lacaille (France) et l’architecte Mounir Ayoub (Tunisie), en partenariat avec l’architecte Hamed Kriouane.
Au-delà de sa dimension artistique, “Bled el Abar” est un projet d’action sur le terrain. Sélectionné parmi 31 projets issus de 30 pays dans le cadre du Fonds culturel franco-allemand (FCFA), il s’inscrit dans la thématique 2025 “Vers un nouveau monde” qui invite à repenser le rôle des arts et de la culture face aux défis de la transition écologique et identitaire.
Au croisement de la recherche, de l’art et de l’engagement, le projet s’emploie à mettre en lumière la richesse des savoir-faire traditionnels liés à la gestion de l’eau et souligner l’importance de préserver les ressources hydrauliques dans un contexte de crises climatiques, économiques et migratoires.
Témoins de l’adaptation continue des populations aux défis environnementaux, les puits ont joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’approvisionnement en eau en Tunisie, notamment dans les zones arides et semi-arides.
“El Abar” est le nom donné autrefois par les habitants du désert tunisien à une région délimitée par “Chott el-Jérid” au nord, le Grand Erg oriental au sud, le “Djebel Dahar” à l’est et la frontière algérienne à l’ouest. De nombreux puits tracent encore les parcours des nomades qui s’y sont installés depuis des siècles. Bien plus que de simples sources d’eau, ces puits sont des lieux d’hospitalité et de mémoire aujourd’hui menacés d’oubli.
Dès l’Antiquité, les habitants ont développé des techniques ingénieuses pour accéder à l’eau souterraine. Avec une roue à eau (noria) actionnée par un dromadaire, le puits Bir Barrouta, à Kairouan -l’un des plus anciens de Tunisie- est un exemple édifiant de l’ingéniosité de la population pour accéder à cette source de vie dans un environnement difficile.