En dépit d'”un embargo financier non dit” perceptible à travers le refus, depuis 2022, du Fonds monétaire international (FMI) d’accorder à la Tunisie des facilités de paiement et en dépit comme le veut la tradition, de l’alignement des autres bailleurs de fonds sur cette décision du Fonds, la Tunisie est parvenue à s’en sortir et à tirer son épingle du jeu comme on dit.
A preuve, la résilience de son économie vient d’être confirmée, encore une fois cette année par le « FM Resilience Index 2025 » qui a classé la Tunisie à la 75ème place sur un total de 130 pays listés.
Principal atout de la Tunisie: un tissu économique diversifié
Pour les auteurs de « FM Resilience Index 2025 », le score global de 54,2 obtenu par la Tunisie reflète des forces certaines – un tissu économique diversifié et une stabilité relative – mais aussi des fragilités persistantes, notamment en matière d’inflation et de risques politiques.
Avec ce bon classement, la Tunisie a fait mieux que certains pays voisins mieux nantis que ce soit au niveau des ressources naturelles ou au niveau d’accès aux marchés financiers internationaux. Ainsi au niveau nord-africain, la Tunisie a été plus résiliente qu’un pays riche comme l’Algérie classée (91ème). Elle est toutefois devancée par des pays comme le Maroc (70ème) et l’Egypte (74 ème).
Au plan africain, la Tunisie est dans le top 10 des pays africains les plus résilients. Dans ce classement continental, la Tunisie, 8ème en Afrique, se place derrière le Botswana (1er), L’Ile Maurice (2ème), l’Afrique du Sud (3ème), le Rwanda (4ème), le Maroc (5ème), le Ghana (6ème), l’Egypte (7ème).
« FM Resilience Index 2025 » évalue les grands risques
Publié, ces derniers jours, par l’assureur américain FM, cet indice classe chaque année 130 pays et territoires pour lesquels des données sont disponibles en fonction de la résilience de leur tissu économique face aux événements susceptibles de perturber les activités des entreprises. Plus simplement, il étudie les pays en fonction de leur capacité à faire face aux chocs économiques, climatiques et institutionnels.
Dans le détail l’indice combine 18 indicateurs de résilience physiques et macro-économiques, dont l’exposition aux cyber-risques, l’exposition au risque climatique, le niveau d’émissions de gaz à effet de serre, le stress hydrique, le risque politique, la lutte contre la corruption, la productivité et l’inflation.
Impact du classement sur l’attractivité du site Tunisie
Pour un pays comme la Tunisie, réputé pour être un site international de production, le classement de cet indice ne manque pas d’enjeux. Et pour cause, il est destiné à aider les entreprises à évaluer les risques encourus lorsqu’elles décident de s’implanter, de commercialiser leurs produits ou de s’approvisionner dans d’autres pays.
En plus clair encore, il évalue les pays et territoires selon une large série de critères, allant du niveau de productivité à celui de la corruption en passant par l’exposition aux événements météorologiques extrêmes.
L’indice vise à aider les investisseurs potentiels à analyser les facteurs de risque émergents lorsqu’elles prennent des décisions stratégiques liées à l’implantation de nouveaux sites ou encore la sélection des fournisseurs, l’évaluation des chaînes d’approvisionnement existantes et l’identification des clients potentiellement vulnérables. D’après FM, « un site implanté dans les 50 pays en tête de l’indice de résilience » se relève d’un sinistre « en moyenne 30% plus rapidement qu’un site implanté dans un autre pays”. D’où l’importance des classements de cet indice pour les sites d’investissements internationaux.
La résilience ne devrait pas être une fin en soi
Pour revenir à cette résilience de l’économie tunisienne et à sa confirmation, pour la troisième année consécutive, par les rapports internationaux d’évaluation, nous estimons qu’elle a eu, certes, pour mérite d’éviter à la Tunisie le défaut de paiement, un risque auquel elle est toujours exposée, d’ailleurs, avec un rating souverain négatif, “Caa1” (risque élevé).
Néanmoins, cette résilience ne devrait pas être une fin en soi. Nous pensons que l’idéal serait de tout faire pour conférer à cette résilience une dimension dynamique et à l’accompagner par une stratégie de relance crédible et pérenne.
Pour les économistes, le principe est simple : la résilience c’est non seulement la résistance à la chute mais également la capacité de rebondir.
Abou SARRA
EN BREF
Résilience Économique de la Tunisie (FM Resilience Index 2025)
- Malgré un “embargo financier non dit” du FMI, la Tunisie se classe 75ème sur 130 pays pour sa résilience économique.
- Son atout principal : un tissu économique diversifié et une stabilité relative.
En Afrique du Nord, la Tunisie (75ème) devance l’Algérie (91ème) mais est derrière le Maroc (70ème) et l’Égypte (74ème). - Au niveau africain, elle figure dans le Top 10 (8ème).
- L’indice évalue la capacité des pays à faire face aux chocs économiques, climatiques et institutionnels.
- La résilience est une force, mais une stratégie de relance est nécessaire pour un rebond pérenne.