La scientifique et militante environnementale Semia Gharbi a été sacrée lauréate du prix Goldman pour l’environnement 2024, considéré comme le « Nobel vert », pour la région Afrique, en reconnaissance de son rôle déterminant dans la révélation d’un vaste scandale de trafic de déchets entre l’Italie et la Tunisie.

En 2022, Semia Gharbi a joué un rôle central dans la dénonciation d’une opération illégale ayant conduit à l’importation de 6 000 tonnes de déchets ménagers italiens vers la Tunisie. Grâce à son engagement, cette affaire a mis en lumière un réseau impliquant plus de 40 fonctionnaires corrompus dans les deux pays, débouchant sur le renvoi des déchets vers l’Italie et la prise de mesures juridiques à l’échelle nationale et européenne.

Ce scandale a eu un retentissement international, incitant l’Union européenne à durcir ses procédures de contrôle des transferts de déchets vers les pays tiers. Il a également ravivé les débats sur l’application des conventions internationales telles que Bâle et Bamako, qui encadrent strictement l’exportation des déchets, notamment vers les pays ne disposant pas des infrastructures adéquates pour leur traitement.

Selon un rapport de l’OCDE publié en 2020, 1,7 milliard de tonnes de déchets continuent d’être exportées illégalement chaque année vers les pays du Sud, illustrant l’ampleur du phénomène que des figures comme Semia Gharbi s’emploient à combattre.

Âgée de 57 ans, Semia Gharbi cumule plus de deux décennies d’activisme environnemental. Elle a fondé, en 2011, l’Association d’éducation à l’environnement pour les générations futures, une ONG qui collabore étroitement avec le ministère tunisien de l’Éducation pour sensibiliser les jeunes aux risques des polluants chimiques.

Par ailleurs, elle est coordinatrice MENA du Réseau international pour l’élimination des polluants (IPEN), et cofondatrice du Réseau Tunisie Verte (RTV), fédérant plus de 100 ONG environnementales tunisiennes.

Créé en 1989 par les philanthropes américains Rhoda et Richard Goldman, le prix Goldman récompense chaque année des militants environnementaux de terrain issus de six régions du monde. Semia Gharbi rejoint ainsi le cercle très restreint des figures africaines ayant reçu cette distinction prestigieuse.

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