Le site archéologique de Sbeïtla, au gouvernorat de Kasserine, abrite, les 22, 23 et 24 avril, la deuxième édition du colloque international « Nadwat al-Andalus », dédié à l’Andalousie, placée sous le thème “Grenade : archéologie, réalité et perspectives”.

D’éminents chercheurs et académiciens représentant la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, l’Arabie Saoudite, la Palestine et le Liban prennent part à cet évènement organisé, sous les auspices du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, par l’Institut Supérieur d’Études Appliquées en Sciences Humaines de Sbeïtla (ISEAH) relevant de l’Université de Kairouan.

Les séances scientifiques et les interventions au menu devront ouvrir de nouveaux horizons pour la recherche sur l’Andalousie et les enjeux de son interaction avec le présent et l’avenir des Peuples de la région. Ce symposium constitue un événement scientifique et académique majeur dédié à l’histoire arabo-islamique en Europe, en particulier en Espagne, étalé de 711 à 1492, date de la chute de Grenade.

Grenade a été choisie comme thème central de cette session, partant de sa symbolique en tant que ville où se manifeste la grandeur de la civilisation islamique dans les domaines des arts, de l’architecture, de la pensée et de la Science.

Le Directeur de l’Institut Supérieur d’Études Appliquées en sciences humaines de Sbeïtla, Mahmoud Abbas Amri, a déclaré que cet événement offre de nouveaux horizons pour la recherche scientifique qui permettent une compréhension plus approfondie de l’histoire de l’Andalousie et de ses interactions avec les enjeux contemporains.

S’exprimant dans une déclaration à la correspondante de TAP à Kasserine, il a souligné qu’au terme du colloque, un rapport contenant le résumé des interventions scientifiques au programme sera élaboré, en vue d’établir un futur cadre structurel sur la question andalouse et lui conférer une dimension arabo-islamique en matière de recherche universitaire et d’échanges culturels.

Pour sa part, la Libanaise Doli Sarraf, Pr. de sociologie à l’Ecole Doctorale des Lettres & des Sciences Humaines & Sociales, Université du Liban, a évoqué l’importance du thème du colloque pour cette année qui offre, à son avis, de larges perspectives pour la recherche universitaire permettant ainsi une meilleure compréhension de l’histoire d’al-Andalous et son interaction avec l’époque actuelle.

Elle a estimé crucial d’évoquer « l’histoire de l’Andalousie, en particulier celle de Grenade, afin de construire ce qu’elle qualifie de “mémoire juste”, une question qu’elle a abordée dans son intervention, soulignant que cette mémoire a été déformée, à travers l’histoire, dans le récit occidental.

Elle a parlé du grand défi pour la jeune génération qui a souvent eu recours à un récit non arabe déformé, disponible sur internet, face à une rareté des sources d’origine arabe. Aujourd’hui, même en Espagne, il existe de nouveaux courants intellectuels qui cherchent à reconstruire un récit plus juste de ce qui s’est réellement passé en Andalousie, a encore dit l’académicienne libanaise

“Nous Arabes, sommes appelés à œuvrer, collectivement et institutionnellement, afin de restaurer notre récit historique et de construire une mémoire juste qui reflète la vérité afin qu’elle serve à éclairer les connaissances auprès des nouvelles générations sur un grand pan de notre histoire glorieuse », a-t-elle affirmé.

Selon Mohamed Amarti, universitaire marocain expert dans le domaine des études andalouses, de l’arabisation espagnole, d’orientalisme et du dialogue des civilisations, « Grenade est un espace humain, culturel, intellectuel et religieux par excellence qui représente le dernier témoin de la présence de la civilisation musulmane en Andalousie ».

« Refuge pour les Arabes et les Musulmans à la fin de leur règne en Andalousie, Grenade, a-t-il dit, constituait un modèle vivant de coexistence et de tolérance entre les religions et les cultures où Musulmans, Chrétiens, Amazighs, Siciliens et Juifs formaient un tissu social harmonieux dans une interaction civilisationnelle assez unique”.

Et d’ajouter, “beaucoup plus qu’une ville dans l’histoire, Grenade est une extension vivante de la conscience arabe et islamique offrant une grande leçon de civilisation pour le système mondial contemporain dominé par les conflits et le manque de dialogue et de compréhension entre les peuples”.

Ce colloque dédié à l’Andalousie revisite pour la deuxième année consécutive, la ville mythique de Grenade à partir de Sbeïtla, cité ayant connu le passage de plusieurs civilisations et dont les vestiges sont le témoin d’un passé glorieux.

Le choix était porté sur le site archéologique de Sbeïtla, sur la liste indicative de l’Unesco depuis près de trois ans, pour abriter le colloque partant de sa symbolique en tant que site historique qui reflète la convergence et l’interaction des civilisations.

Ce site qui est l’un des sites les plus conservés du pays, présente de nombreux vestiges datant de l’époque byzantine, comme les églises, ou de l’époque romaine comme le forum, les thermes et le théâtre. Il renferme les vestiges de la ville antique de Sufetula Musuniorum (Sufetula des Musunii) fondée au cours du 3e quart du 1er siècle après J.C.