“Pour assurer la transition écologique et énergétique dans les pays d’Afrique, il  est important de tripler les capacités installées en énergies renouvelables, de doubler les gains en efficacité énergétique et d’accélérer et faciliter l’accès au financement, moyennant des outils accessibles aux collectivités, aux petites et moyennes entreprises (PME), et aux jeunes entrepreneurs”, a indiqué, mercredi, à Tunis, Céline Moyroud, représentante résidente du  Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Tunisie.

“Il s’agit également de renforcer les coalitions Afrique- Afrique, Afrique-Europe et Afrique France, en matière de financement vert et innovation, et de soutenir les jeunes, les femmes, ainsi que  les startups qui inventent chaque jour des solutions durables dans le recyclage, l’agriculture et l’énergie propre”, a ajouté la responsable, qui intervenait à l’ouverture du 2ème Forum Afrique –France de la transition écologique et énergétique 2025, qui se tient du 23 au 24 avril 2025 à Tunis.

Moyroud a également mis l’accent sur l’importance d’une transition juste inclusive et territoriale, précisant qu’une transition écologique et énergétique réussie doit être juste, en offrant des opportunités à tout le monde, aux femmes, aux jeunes et à la population rurale.
“Aujourd’hui, 60% de la population Afrique ont  moins de 25 ans, et ne sont pas associés aux politiques de transition. Cela doit changer, afin de s’assurer que cette transition soit un levier d’emploi , de formation et d’innovation”, a-t-elle souligné.

Les femmes sont souvent les plus exposées aux changements et aux impacts environnementaux. Ainsi, dans les zones rurales, ce sont les femmes qui assurent l’accès à l’eau, à l’énergie et à la nourriture, pourtant elles ne captent qu’une faible partie des financements climatiques, a encore fait remarquer la responsable, rappelant que la commission africaine pour l’Afrique  avait reconnu que si les politiques de transitions sont bien orientées, elles pourraient

Moyroud a, sur un autre plan, évoqué la dépendance des économies d’Afrique des énergies fossiles et des technologies énergivores, les contraintes budgétaires et l’accès au financement vert qui reste, d’après elle, souvent limité, notamment pour les acteurs territoriaux ou les entreprises ou les communautés rurales.

Elle a recommandé la mise  en place de fonds consacrés aux  énergies renouvelables, et l’encouragement des financements mixtes public-privé, estimant que l’innovation financière, a elle seule ne suffit pas, “il faut aussi renforcer les écosystèmes banquiers et financiers nationaux, en outillant les banques locales pour intégrer le risque climatique, par la création d’une ligne de crédit vert”.

Intervenant à l’ouverture du Forum, la ministre de l’Industrie, des mines et de l’énergie Fatma Thabet Chiboub a souligné que la transition énergétique est devenue une priorité, non seulement pour lutter contre les changements climatiques, mais également pour répondre à des impératifs économiques et sécuritaires.

“Les enjeux énergétiques sont considérables, en raison de l’instabilité des prix des produits pétroliers et du gaz sur les marchés mondiaux, ainsi que des difficultés liées à la sécurité d’approvisionnement, devenue une préoccupation majeure pour la plus part des pays du monde, notamment les pays importateurs”, a expliqué la ministre.

Elle est revenue, à cet égard, sur la stratégie nationale de transition écologique de la Tunisie , dont les principaux objectifs sont le déploiement davantage d’énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique et l’intégration des technologies modernes et la réalisation davantage d’interconnexions électrique.

L’ambassadrice de France en Tunisie, Anne Gueguen, a évoqué la nouvelle Stratégie nationale hydrogène de la France, rendue publique la semaine dernière. Elle prévoit le déploiement d’une “diplomatie de l’hydrogène”, l’appui à l’export des technologies françaises dans ce domaine et la mise en place de partenariats “hydrogènes” avec des marchés prioritaires.

La diplomate estime que la Tunisie, à travers sa stratégie hydrogène, est en mesure de devenir un partenaire de plus en plus proche de l’Union européenne et de la France dans ce domaine.

Gueguen a également cité la coopération pionnière initiée cette année, entre la France et l’Université de Gabès, dans le domaine de l’hydrogène vert, produit à partir de sources renouvelables et offrant ainsi une alternative non-polluante pour stocker et transporter de l’énergie décarbonée.

La France demeure le premier investisseur en Tunisie, et  la Tunisie est le premier investisseur Africain en France. Le volume d’échanges entre les deux pays est estimé à 11,5 milliards  d’euros,  de biens et services. Près de 1600 entreprises françaises ou  à participation française sont installées en Tunisie. Elles emploient 160 mille personnes (emplois directs).