Tunisie USALa Tunisie, bien qu’elle soit un partenaire commercial mineur pour les Etats-Unis, représentant 0,02% du commerce américain, vient d’être classée au 1er rang des 10 pays africains qui subiront les taux les plus élevés. La Tunisie est suivie dans ce classement élaboré par Business Insider, site web américain d’informations économiques, par Madagascar, Côte d’Ivoire, Botswana, Algérie, Lesotho, Maurice, Nigeria, Namibie, Angola.    

Ce classement intervient suite aux mesures commerciales adoptées par les Etats-Unis qui ont soumis toutes leurs importations en provenance de certains de leurs partenaires commerciaux à un droit de douane additionnel.

«La Tunisie est en première ligne face aux nouvelles barrières commerciales américaines.»

 

Pour mémoire, l’administration américaine  a annoncé, le 2 avril 2025, l’instauration de droits de douane additionnels pour l’ensemble de ses partenaires, dans le cadre de sa nouvelle politique commerciale. Présentée comme une mesure de réciprocité, cette décision, suspendue depuis, pour une durée de 90 jours, cible, en priorité les pays enregistrant un excédent bilatéral vis-à-vis des Etats Unis. La Tunisie qui a réalisé, en 2024, un excédent bilatéral de 620 M$, est concernée par des droits de douane additionnels de 28%. Ce solde bilatéral, historiquement excédentaire en faveur des Etats Unis, s’est dégradé depuis 2020 jusqu’à atteindre 620 M$ en 2024.

Les droits de douane additionnels impacteront les exportations de la filière oléicole

D’après les analystes des échanges extérieurs de la Tunisie, cette évolution s’explique par la progression des exportations tunisiennes vers le pays de l’oncle Sam (1,1 Milliard de $ en 2024). Ces exportations ont augmenté par un effet prix favorable sur l’huile d’olive. Les exportations américaines vers la Tunisie demeuraient stable (500 M$) portant sur divers produits : biens d’équipement, produits plastiques, composants électroniques, fève de soja…

«Derrière chaque crise commerciale se cache une opportunité économique.»

 

Selon ces mêmes observateurs, les hausses des droits de douane américains devraient avoir un impact direct limité sur le commerce extérieur tunisien à l’exception possible de la filière oléicole. Les Etats Unis étant le 3ème débouché de l‘huile d’olive tunisienne à l’international. En 2024, ce marché fort rémunérateur a absorbé 24% des exportations derrière l’Italie (27%) et l’Espagne (26%).

La Tunisie pourrait compenser le manque à gagner par les gains générés par la baisse du prix du pétrole

Néanmoins, la Tunisie pourrait compenser le manque à gagner potentiel par l’effet des droits additionnels américains par la réalisation d’économies significatives à la faveur de la baisse prévisible du prix du pétrole.

En effet, l’option de la nouvelle administration américaine pour le retour en force aux énergies fossiles devrait se traduire, en principe, par un accroissement de la production pétrolière et son corollaire la baisse des prix du baril à l’échelle internationale.

«En 2025, chaque dollar économisé sur le pétrole renforce le budget tunisien.»

 

Un tel scénario impactera positivement la Tunisie en ce sens où il pourrait réduire de manière significative la facture énergétique (près de 57% du déficit commercial), atténuerait la pression sur les sorties de devises et diminuerait l’enveloppe budgétaire affectée à la subvention des produits énergétiques avec en prime une réduction de l’inflation.

Il n’est pas besoin de rappeler que le budget de l’Etat pour 2025 a été calculé sur la base d’un prix du baril de 77,4 dollars et que toute baisse d’un dollar du prix du baril se traduirait par des gains pour le budget d’environ 130 M$, ce qui est loin d’être négligeable. A l’heure actuelle le prix du baril est de l’ordre de 65 dollars.

Abou SARRA

EN BREF

Ce qu’il faut retenir

  • La Tunisie est classée 1ʳᵉ en Afrique parmi les pays les plus touchés par les nouveaux droits de douane américains (28%).
  • Impact principal : huile d’olive tunisienne (24% des exportations vers les USA en 2024).
  • Excédent bilatéral Tunisie–États-Unis en 2024 : 620 M$.
  • Les exportations tunisiennes vers les États-Unis : 1,1 milliard $ (effet prix sur l’huile d’olive).
  • Baisse du pétrole attendue (65 $ le baril) : un gain potentiel de 130 M$ par dollar de baisse pour le budget tunisien.